Interview de Aicha Duihi, présidente de l’Observatoire International de la Paix, la Démocratie et les Droits de l’Homme à Genève.

Aicha Duihi : "La présidence marocaine du Conseil des droits de l’homme est une opportunité stratégique pour le Maroc"

Depuis le coeur du Palais des Nations, Aicha Duihi, à la tête de l’Observatoire International de la Paix, la Démocratie et les Droits de l’Homme à Genève, nous décrypte l’impact de la présidence marocaine au Conseil des droits de l’homme (CDH) et ses implications pour le Sahara et la scène internationale.


Comment percevez-vous l’impact de la présidence marocaine du Conseil des droits de l’Homme sur la visibilité et le traitement des questions des droits de l’homme, notamment au Maroc et spécifiquement au Sahara?
La présidence marocaine du Conseil des droits de l’Homme représente, à mon avis, une étape cruciale pour accentuer la visibilité et améliorer le traitement des enjeux liés aux droits de l’homme dans la région du Sahara. Sous la direction de Omar Zniber, la délégation marocaine se distingue par sa rigueur, son professionnalisme et son intégrité. Ils vont ainsi mettre en lumière les défis spécifiques de l’Afrique et du Sahara, tout en veillant scrupuleusement à ce que ces questions ne soient pas détournées à des fins politiques. En plus, cette période de présidence est marquée par un engagement profond envers des thématiques essentielles telles que le droit au développement et aborde avec une attention particulière la situation vulnérable des femmes et des enfants dans les camps de réfugiés sahraouis.

Elle va certainement attirer l’attention sur les conditions de vie déplorables des Sahraouis dans les camps de Tindouf, qui sont des prisons à ciel ouvert, où les droits les plus élémentaires sont bafoués sous l’égide de l’Algérie et du Polisario. Face à cette réalité, le Maroc se positionne fermement en faveur de la défense des droits de ces personnes, confrontées à des violations flagrantes des normes internationales en matière de droits de l’homme. L’approche marocaine, dans ce cadre, ne se limite pas à la dénonciation des injustices. Elle vise également à promouvoir des solutions concrètes et respectueuses des droits de l’Homme pour les populations concernées, en s’appuyant sur les principes de la dignité humaine et de la justice sociale.

Décidément, des envoyés du Polisario ont été également présents tout au long de cette session du conseil des droits de l’homme, comment-vous expliquer cela ?
La présence du Polisario au sein du Conseil des droits de l’homme à travers des ONG internationales est une réalité que le Maroc observe sans lui accorder d’importance excessive, sauf lorsqu’elle représente une menace directe à ses intérêts. Le Maroc, tout en restant vigilant aux initiatives et aux observations écrites qui pourraient dénaturer la réalité de sa cause nationale, comprend que cette présence est une contre-mesure habituelle dans le contexte de ses succès diplomatiques croissants. En effet, la solidarité internationale envers le Maroc se manifeste par le soutien de plus de 34 pays qui reconnaissent et appuient la position marocaine, ce qui atteste de la force et de la légitimité de l’approche marocaine sur la scène internationale.

MM. Bourita et Zniber ont parlé d’instrumentalisation politique de certaines questions par quelques Etats. Est-ce qu’ils insinuent l’Algérie?
La position de Rabat et les déclarations officielles marocaines ont toujours été explicites sur cette question. Le dossier du Sahara se retrouve injustement au coeur de nombreux débats au CDH et sert de prétexte pour certains pays confrontés à de sérieuses accusations de violations des droits de l’homme, alors qu’ils négligent les constats objectifs rapportés par les Nations Unies sur la réalité dans le Sahara. Cette situation met en évidence la manière dont le sujet du Sahara est utilisé comme un écran de fumée par certains États pour détourner l’attention des violations des droits de l’homme au sein de leurs propres frontières. Les efforts du Maroc pour clarifier la situation au Sahara et défendre son intégrité territoriale au sein des instances internationales, comme le CDH, sont souvent entravés par cette instrumentalisation politique.

La présidence marocaine peut-elle influencer l’approche internationale visà- vis du conflit au Sahara et contribuer à une solution pacifique respectueuse des droits de l’homme des populations concernées?
La présidence marocaine du Conseil des droits de l’homme est une opportunité stratégique pour le Maroc de guider l’approche internationale sur le conflit au Sahara vers une résolution respectueuse des droits de l’homme. L’ouverture de consulats dans le Sahara par divers pays amis et africains souligne un soutien croissant à la marocanité du Sahara, ce qui reflète une dynamique positive pour le Maroc sur la scène internationale. En plus, cette période est marquée par une reconnaissance accrue de l’initiative marocaine d’autonomie par le Conseil de Sécurité de l’ONU, qui la décrit avec des termes alignés sur la proposition marocaine. Les rapports de l’ONU mettent en avant les progrès de développement dans le sud du Maroc, ce qui illustre l’engagement du Maroc envers les droits de l’homme dans ces régions.

En tant que présidente de l’observatoire, comment envisagez-vous d’utiliser cette plateforme internationale pour soutenir et promouvoir les initiatives du Maroc?
Je ne peux être que déterminée à utiliser notre plateforme pour appuyer les initiatives du Maroc en matière de réforme du Conseil des droits de l’homme. Inspirés par les orientations de Nasser Bourita, nous avons adapté notre plan à court terme déjà établi pour cette année, nous allons essayer d’inclure ces orientations menés par Rabat dans toute la production de notre observatoire soit au niveau de la production de rapports, de papiers de recherches ou de contributions avec les titulaires des mandats et la participation active à l’Examen Périodique Universel (EPU) et aux conventions internationales. Notre but est de faciliter la collaboration entre les ONG et les acteurs institutionnels, notamment en participant à la session exceptionnelle initiée par le Maroc.

Nous accordons une attention particulière à la valorisation de la diplomatie féminine dans ce contexte, une initiative que nous évaluerons pour en mesurer l’apport au CDH. Notre engagement vise à contribuer efficacement à l’amélioration des mécanismes de protection des droits de l’homme, tout en soulignant l’importance de la participation marocaine dans le renforcement de la structure du Conseil.

Articles similaires