Alger déclare une guerre économique à Madrid

L'algérie défie le voisin ibérique et bloque ses exportations et transactions financières

Des dizaines de conteneurs bloqués dans les ports d’Oran et d’Alger, des transactions financières en suspens, des contrats annulés… L’Algérie maintient le blocus commercial contre l’Espagne en dépit de ses démentis officiels et des mises en garde de l’Union européenne.

La guerre politique ouverte livrée par l’Algérie contre l’Espagne à la suite de la nouvelle position du gouvernement de Pedro Sanchez sur le Sahara marocain atteint son apogée. Après avoir gelé les transactions financières avec les opérateurs espagnols, elle bloque depuis le début du mois de juillet 2022 des dizaines de conteneurs dans les ports d’Oran ou d’Alger et des envois de commandes non expédiées en raison de l’absence de garanties dans l’entrée par les douanes et le traitement des transactions, rapporte vendredi 15 juillet le média espagnol El Confidencial.

Se référant aux témoignages accordés au journal espagnol, les exportateurs ibériques pointent un «manque d’appui diplomatique » de la part du gouvernement espagnol à une situation qui leur génère des pertes financières considérables mais aussi une perte de positionnement par rapport aux concurrents européens. Le double jeu algérien est désormais mis à nu. Le président du Cercle hispano-algérien du Commerce et de l’industrie (CCIAE), Djamel Eddine Bouabdellah, avait assuré le 14 juin, dans des déclarations à EFE, que la suspension des opérations «durera seulement quelques jours et nous allons reprendre les domiciliations bancaires pour l’import ou l’export vers et depuis l’Espagne». Le ministère algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, s’est refusé à reconnaitre tout boycott bancaire de l’Espagne. «Cela n’existe en fait que dans l’esprit de ceux qui la revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser», avait enchaîné, le 10 juin, l’ambassade de l’Algérie auprès de l’Union européenne dans un communiqué.

L’Algérie se suicide
Des propos qui n’ont jamais inspiré confiance à la partie espagnole. Le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a reconnu, le 30 juin, qu’à l’exception des exportations algériennes de gaz, «il y a effectivement un blocage des opérations commerciales par l’Algérie ». Une révélation confirmée par la secrétaire d’État au Commerce, Xiana Mendez, le 29 juin à la chambre basse du Parlement.

Une chose est sûre: l’Association professionnelle des banques et établissements financiers d’Algérie avait ordonné, le 9 juin, le gel de toute démarche de domiciliation bancaire pour l’import ou l’export vers et depuis l’Espagne, après la décision des autorités de suspendre le traité d’amitié avec l’Espagne, juste après la reconnaissance par le voisin ibérique du plan d’autonomie marocain comme la solution la plus réaliste, réalisable et crédible pour le règlement définitif du différend sur le Sahara marocain.

En agissant de la sorte, l’Algérie se suicide. Déjà, elle a perdu nombre de marchés pour son gaz naturel en Europe après la fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe. Ensuite, une guerre contre l’Espagne est une guerre annoncée contre les 27 pays de l’UE. Depuis, l’UE n’a pas encore annoncé des mesures de rétorsion contre le gouvernement algérien. Ce qui ne va pas dire qu’elles n’arriveront pas.

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