Barça, Arsenal, Juventus, PSG... des académies de foot qui cartonnent au Maroc


Comment on leur bâtit des châteaux en Espagne


Une franchise attractive, un terrain synthétique et quelques moniteurs, étrangers de préférence, suffisent pour que le tour soit joué. Des écoles de football portant les noms de grands clubs comme Arsenal, Barcelone, Juventus… prolifèrent au Maroc.

Académies, écoles de football ou centres de formation pour enfants… Le phénomène de la prolifération des écoles de football au Maroc dépasse aujourd’hui le simple effet de mode. C’est devenu un business juteux qui attire au même titre des investisseurs avides et des parents d’enfants que des labels ou franchises portant les noms de grands clubs européens comme le FC Barcelone, Juventus, Arsenal… séduisent.

À Casablanca notamment et dans quelques villes du Royaume, la concurrence ne cesse de croître chaque année. L’une des plus anciennes et peut-être la plus connue, FCBEscola Casablanca, devenue «Barça Academy». Ouverte en 2015, cette école porte toujours le nom du club catalan malgré le divorce entre les responsables de FC Barcelone et l’entreprise marocaine chargée de la gestion de l’académie.

Les raisons d’une rupture
Dans un communiqué en date de juillet 2017 repris par l’agence espagnole EFE, le FC Barcelone annonce clairement «la fermeture de la FCBEscola Casablanca», école de football officielle du club barcelonais à Casablanca, pour les enfants de 6 à 18 ans. «Pour des raisons indépendantes du Club, le projet a dû prendre fin et la seule FCBEscola du pays a fermé ses portes», lit-on dans le communiqué, qui souligne que le Club catalan projette de «trouver un nouveau partenaire qui partage les valeurs et la façon de travailler du FC Barcelone». C’est dire que leur ex-partenaire, FootAngels, entité marocaine opérant dans la gestion des écoles de football et des événements football et dirigée par Gabriel Hicham Guedira, ne les remplit plus.

Du côté du FC Barcelone, la rupture est sans ambages, quoique les vraies raisons de la rupture ne sont pas clairement évoquées. Le motif avancé de la part du Barça est la fin du contrat le 30 juin 2017, signé en novembre 2014, entre le FC Barcelone et ses partenaires marocains. FCBEscola Maroc n’a «rien reçu d’officiel de la part du FC Barcelone», conclut le club catalan. Et pourtant, aujourd’hui encore, l’académie continue de se vendre sous l’enseigne du club catalan.

Pure chimère
Cet incident a poussé beaucoup de parents à quitter l’académie. FootAngels décide alors de brader les prix, profitant de la notoriété du signe du club catalan «Barça Academy». De 15.000 dirhams du temps où l’association avec les catalans étaient encore nouée, le prix est passé à 11.500 dirhams en 2018, puis à 9.500 dirhams pour cette saison 2018/2019. L’école se situe à Dar Bouazza. La saison débute en septembre et se termine en juin. Deux séances d’entraînement par semaine à raison d’une heure et demi chacune. Le directeur technique est français, épaulé par deux entraîneurs espagnols. Le choix d’entraîneurs et de directeurs techniques étrangers (français, espagnols, portugais…) labellisés UEFA A ou UEFA Pro fait partie de la stratégie marketing de l’académie Barcelone et d’autres. L’enseigne du FC Barcelone se vend bien non seulement à Casablanca mais aussi à Rabat, où FootAngels a ouvert cette année une antenne de mini-foot (5 contre 5) pour 8.000 dirhams par an, au milieu de la forêt qui entoure l’hôtel Sofitel (ex-Hilton).

De retour à Casablanca, tout près de Megarama, une autre agence de management sportif a loué les mini-terrains de foot Paradise pour être l’adresse de l’académie de football Juventus de Turin, le célèbre club italien. La gestion de l’académie est assurée par un staff marocain. Celle technique est confiée à un directeur technique italien, des entraîneurs marocains, français et portugais. L’abonnement annuel coûte 9.000 dirhams, les frais d’assurance et un kit Adidas Juventus (tenue, chaussettes et protèges). La saison s’étend de septembre à juin. Sauf que l’activité connaît deux pauses par an: d’une semaine fin décembre et de 10 jours au mois d’avril.

Des stages d’été
A Juventus de Turin (l’académie casablancaise s’entend) comme dans les autres académies et centres de formation, il n’y a pas de vacances de juin à septembre. Un business en parallèle, dit «stages d’été», est organisé pour gagner plus et attirer non seulement les adhérents mais aussi les non adhérents. Une semaine d’entraînement intensif, de lundi à vendredi, de 10 à 15h (déjeuner compris), est négociée entre 1.000 et 1.500 dirhams.

Ces structures portent les noms de grands clubs européens après l’obtention, par le biais d’une personne physique ou d’une agence, d’une autorisation pour l’utilisation du signe, du nom et des couleurs du club dans le but de former de jeunes joueurs. Mais en dehors du maillot du club, ni l’infrastructure et encore moins la formation ne répondent aux normes des centres de formation des clubs. En plus du prestige, les parents des jeunes joueurs marocains rêvent que les responsables de ces grands clubs européens viennent un jour déceler les talents de leurs fils, ce qui leur ouvrirait la porte pour jouer pour le compte de ces clubs. Mais que chimère! Jamais durant ces dernières années un jeune footballeur local n’a pu intégrer un des prestigieux clubs européens. Pour la forme, un ou deux envoyés de ces clubs viennent une fois à deux fois par an. Souvent pour faire les comptes, moins pour veiller au grain concernant la pédagogie ou la formation technique.

Si avec l’apparition de ces structures en 2010, le coût variait entre 8.000 et 15.000 dirhams par an, les prix ont été revus à la baisse, concurrence oblige. Le problème, c’est que ce secteur demeure non réglementé. Pas de taxes, pas d’impôts, et surtout pas de suivi selon les normes des clubs qui font rêver enfants et parents de ces jeunes fans de «Messi», «Ronaldo »....

Le business est juteux. La preuve, c’est le nombre croissant des académies qui ouvrent sous nos cieux. Il suffit d’une signature, d’un petit terrain et de quelques noms étrangers pour se targuer d’être l’antenne d’un grand club. A la fin, ces écoles offrent le plaisir aux enfants de jouer… en portant le maillot de leur club préféré. Sans plus!

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