Dans un texte inédit et profond, Madeleine Albright et Mohamed Benaïssa, deux anciens diplomates, au parcours exceptionnel, proposent à l’Union africaine et aux dirigeants du continent des recommandations fortes pour inscrire l’Afrique sur la voie de la modernité et du développement.
À l’occasion de la 32ème session du sommet de l’Union africaine, qui s’est tenue dimanche 10 février 2019 à Addis Abeba, en Ethiopie, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, et l’ex-secrétaire d’Etat américaine, Madeleine Albright, ont publié un texte commun dédié à l’avenir de l’Afrique dans le monde de demain.
Le moins que l’on puisse dire est que le texte est intellectuellement édifiant. Il se déroule comme une feuille de route en faveur de la coopération africaine et du développement dans le continent. Connu pour avoir été l’un des plus grands diplomates marocains à travers l’histoire contemporaine du Royaume, Mohamed Benaïssa a livré des idées et des concepts novateurs pour sortir l’Afrique de sa situation actuelle et permettre aux dirigeants africains de mettre le continent sur la voie de la croissance.
Partenariats et alliances
A travers sa longue expérience dans la diplomatie, d’abord comme ambassadeur du Maroc à Washington de 1993 à 1999 puis comme ministre des Affaires étrangères de 1999 à 2007, ce diplomate hors pair fonde sa réflexion africaine sur ce qu’il appelle le nouveau pouvoir politique et économique de l’Afrique qui doit s’appuyer sur les partenariats et les alliances et non sur l’isolationnisme qui déchire les pays. Afin d’y parvenir, le document préconise pour l’Union africaine de faire face à des défis nouveaux et majeurs; notamment: les changements climatiques et la diminution des ressources naturelles, y compris la rareté de l’eau; un nombre record de migrants et de réfugiés; ainsi qu’une infrastructure économique régionale devant croître pour satisfaire une explosion démographique des jeunes.
Il faut dire que le texte de Mohamed Benaïssa et Madeleine Albright rejoint les conclusions du dernier forum des ministres de l’Institut Aspen, qui a eu lieu en décembre 2018 au Maroc. Un forum qui a réuni des anciens ministres des Affaires étrangères de divers pays ainsi qu’une poignée d’experts africains qui ont discuté des succès du continent, ainsi que de son immense potentiel de progrès et de développement. Le ton de cette rencontre était fondamentalement optimiste. Les deux anciens diplomates y ont vu une infinité de possibilités pour établir de solides bases d’une croissance future pour l’Afrique. Une coopération ambitieuse peut permettre de résoudre le problème de la sécurité alimentaire.
Immense potentiel
Une restructuration cohésive et partagée de l’économie d’import-export africaine, associée à un investissement auprès des fermiers locaux et ruraux par l’entremise de coopératives, peut également avoir le potentiel de nourrir les habitants du continent. Parmi les projets magnifiques de cette intégration africaine, on peut citer la toute nouvelle université Mohammed VI Polytechnique dans la région de Marrakech, qui offre un véritable modèle prometteur de formation et de coopération régionale.
La question du financement n’est pas en reste. C’est ainsi que Mohamed Benaïssa et Madeleine Albright préconisent que l’Union africaine établisse des partenariats pour développer de nouveaux mécanismes de financement tout en implantant un système de partage de responsabilités entre les nations ayant le plus de ressources pour qu’elles viennent en aide à celles qui accueillent la majorité des réfugiés. Finalement, l’accent a été mis sur la nécessité de réaliser une croissance économique forte qui est essentielle pour créer des emplois qu’occupera la prochaine génération.
Au final, pour paraphraser une célèbre citation de Léopold Sédar Senghor, le premier président du Sénégal, «la civilisation du XXIème siècle est mondiale. Personne ne peut progresser sans l’autre.». Cela veut dire, pour Mohamed Benaïssa comme pour Madeleine Albright, que le manteau de la coopération doit parer l’Afrique. Car une Afrique unie modèlera le destin du monde.