Le bras de fer se poursuit entre Daoudi et les distributeurs

Les prix des carburants à la pompe flambent de nouveau. S’agit-il d’une réplique forte des distributeurs au bras-de-fer qui dure plusieurs mois avec le ministre Daoudi, qui veut leur imposer le plafonnement des prix?

Vendredi 1er mars 2019, les prix des carburants ont, une fois encore, pour la troisième fois en un mois, augmenté. Ce jour-là, les prix du diesel variaient entre 9,39 et 9,47 selon les stations-services, tandis que les prix de l’essence variaient entre 10,20 et 10,23 dirhams/L.

Face au silence du gouvernement et du très controversé ministre des Affaires générales, Lahcen Daoudi, qui n’a pas tari de déclarations et de contre-déclarations sur le sujet du plafonnement des marges bénéficiaires des distributeurs, le président de la Fédération nationale des gérants et propriétaires des stations-services (FNGPS), Jamal Zrikom, a déclaré que cette augmentation s’explique par le changement de prix des cours mondiaux du pétrole. Comme si les distributeurs s’en approvisionnent une fois par semaine! Cette hausse ressemble plutôt à une réplique au ministre Daoudi, qui a fortement critiqué la sortie du Conseil de la concurrence, vendredi 15 février 2019, désapprouvant la demande du gouvernement concernant le projet de plafonnement des prix à la pompe et des marges bénéficiaires des distributeurs.

Ce dernier semble avoir changé de ton depuis. Invité de l’émission Confidences de presse sur 2M, le 3 mars 2019, où il était question, entre autres, de débattre du plafonnement des marges des distributeurs de carburants, Lahcen Daoudi a affirmé que le plafonnement sera appliqué. Mais le ministre des Affaires générales a tempéré en expliquant que cette mesure sera appliquée avec l’accord des distributeurs tout en prenant en compte l’avis du Conseil de la concurrence.

Déclarations et contre-déclarations
«Après la libéralisation, la concurrence entre les opérateurs devait pousser vers la baisse des prix. Or, c’est le contraire qui s’est passé. La marge bénéficiaire de certains opérateurs a atteint jusqu’à 2,13 dirhams/ le litre alors qu’elle était de 0,65 dirhams pour le gasoil et 0,75 dirhams pour l’essence, partagée entre les distributeurs et les stations-services. Il est logique que les entreprises cherchent le profit mais pas au point de vider les poches des citoyens », souligne-t-il. D’après les dires de M. Daoudi, il semble que l’Exécutif a décidé d’abandonner l’idée du plafonnement et a opté pour une solution de compromis avec les opérateurs.

«Je n’ai jamais dit que le plafonnement est la solution. J’ai toujours dit qu’il est temporaire pour négocier», a déclaré M. Daoudi lors de l’émission télévisée. Un positionnement qui trahit les déclarations ultérieures de Lahcen Daoudi, intransigeantes sur la question du plafonnement. Le pire à craindre, face aussi à l’atermoiement du Conseil de la concurrence à se prononcer sur la question de l’entente sur les prix à la pompe, c’est que les hausses se poursuivent et que le consommateur marocain continue de payer les frais de ce bras de fer gouvernement-distributeurs où les bonnes intentions et les intérêts personnels s’enchevêtrent.

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