Pourquoi le Maroc est-il un partenaire aussi important pour la France en matière de coopération sécuritaire?
Le Maroc a toujours été un partenaire stratégique pour la France en matière de coopération sécuritaire et encore plus aujourd’hui. Elle est d’autant plus indispensable que l’Afrique et notamment la bande sahélo-sahélienne fait l’objet de nombreuses déstabilisations. A la fois par ce que l’on a des organisations terroristes qui montent en puissance mais aussi car les relations géopolitiques se compliquent. La France et les Etats-Unis perdent des positions extrêmement importantes, je pense notamment au Mali, au Niger, au Bukrina Faso, ce qui nécessite de s’appuyer sur des partenaires comme le Maroc.
Les services de renseignements marocains sont-ils parmi les plus développés dans le monde ou est-ce exagéré?
Ce n’est pas exagéré, le renseignement marocain est d’une grande qualité avec une dimension internationale et non pas seulement continentale, car celui-ci agit sur plusieurs front en réussissant à collecter des informations cruciales, lesquelles sont d’une grande utilité pour nos alliés occidentaux. Cela dit, réduire cette relation à la seule dimension informationnelle me semble réducteur pour le Maroc. Le Royaume est aujourd’hui un acteur de poids dans la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le trafic de drogue, le trafic des armes mais aussi dans la prévention des migrations irrégulières.
De par son ancrage africain et sa vocation internationale, le Maroc s’est érigé désormais en un acteur indispensable. Il ne s’agit pas de dire au Maroc donnez-nous de l’information et puis on vous gratifie de telle ou telle récompense. Le Maroc est un acteur économique et géostratégique central pour la sécurité de l’Europe et de la région dans sa globalité. Force est de constater, par ailleurs, que le Maroc est le pays le plus stable de la région, avec qui les Etats peuvent discuter tout en s’inscrivant dans la durée. A cet égard, les prochains accords migratoires et de libre-échange avec le Maroc, doivent faire l’objet d’une prise de hauteur de la part des européens car l’enjeu est la stabilité de tout un continent.
Y a-t-il des convergences entre la doctrine sécuritaire des deux pays?
Il y a forcément des points de convergence dans les aspects liés à l’immigration, la cyber sécurité, et au trafic de drogue. Lors de la visite de Nicolas Lerner, patron de la DGSE et de Frédérique Veaux, directeur général de la DGPN au Royaume il y a quelques mois, des problèmes stratégiques ont été réglés et le Maroc a montré qu’il n’a pas la main qui tremble. Il y a aussi des dossiers sur lesquels ils sont d’accord peut être d’autres un peu moins, encore est-il que le Royaume sait se positionner sur des enjeux vitaux de sécurité intérieure et extérieure.
