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Driss Korchi raconte les «Contes de Sebou»

Ces histoires sortaient des douars qui longeaient les bords de Sebou de Masdoura à Oued Inaoune, et même après.


C’est un recueil de neuf nouvelles qui va vous tenir compagnie en ce mois de février. Et vous amenez au printemps. Sauf que le printemps des « Contes de Sebou » s’annonce rude, sans fleurs, sans papillons et sans oiseaux qui chantent. Tout est en colère, même la nature. Tous les êtres vivants en alerte, comme s’il y a quelque chose qui se prépare. « On mangeait n’importe quoi qui puisse calmer des intestins qui criaient de mécontentement. Alors, un soir j’entendis mon père délibérer avec mon oncle. Ils étaient sérieux car on ne supportait pas voir ses enfants crever de faim. Ils avaient un plan, un plan maladroit qui pourrait leur coûter la vie. Et pourtant, ils étaient déterminés d’aller jusqu’au bout dans leur ténacité de combattre la faim, surtout celle qui nous rongeait les intestins », avance d’emblée son auteur Driss Korchi.

Cet enseignant natif de la ville impériale de Fès. Mélomane comme tous les jeunes de son âge que la musique est le portail qui lui ouvrait la voie à un ailleurs, transporté sur le dos des gammes musicales, il est emporté dans l’inexprimable exprimé plus tard dans des mots élégiaques et lyriques. Lui qui a débuté avec la poésie sait très bien raconter les histoires vécues ou imaginées dans les terres bénites par Dieu et nos ancêtres. « Le monde de la compagne ne cesse de me subjuguer car je me retrouve bien entre les bras de la nature, surtout les promenades au bord de Sebou (Asbur en amazigh, son appellation d’antan), fleuve détourné plus tard à cause d’une météo inclémente. Dès que j’allais rendre visite à mes grands-parents paternels et maternels, les Bourkia, (mes parents sont cousins), je ne pouvais pas résister à la diversité des bords de Sebou ni à la vue panoramique du sommet de la colline où mes grands-parents habitaient et qui surplombait un paysage magnifique », se souvient-il.

Et d’enchainer sur le même ton : « Le plus important se révélait lorsque le soir, on racontait des histoires réelles, mais qui se transformaient en anecdotes par l’effet de l’exagération du narrateur. Ces histoires sortaient des douars qui longeaient les bords de Sebou de Masdoura à Oued Inaoune, et même après. En dilettante, tout d’abord, il faisait ses premiers essais en harmonisant ses voix intérieures avec un réel en équivoque ». Les mots trébuchent parfois dans un flot d’émotions que seule une culture approfondie et solide saurait capter, mais c’est en forgeant qu’on devient forgeron comme on dit. Il trouvait du plaisir à écouter ses grands-pères et ses grands-mères avec ses cousins et cousines, il n’y avait qu’une lampe à gaz pour éclairer un spectacle presque théâtral, les silhouettes grossissantes sur les murs rajoutaient un décor de plus.

Le grand défi
Driss Korchi a dans son actif deux recueils poétiques : « Les pissenlits de l’exil » en 2014 chez Edilivre ce premier recueil est un préambule d’un auteur qui vient de naitre. Les pissenlits de l’exil » » traduit les errements d’un poète en quête d’un compromis avec la nature. Publié en 2014, il est plutôt un déclic qui ouvre le champ au poète de s’expérimenter dans le monde de la littérature. Il va publier « Errances » chez Le Lys Bleu en 2018. Cependant, tenté par le roman et ses magnifiques mystères, il écrit son premier roman « Miettes et ombres » publié sous forme numérique en 2017. Il est aussi l’heureux auteur de « « La revenante » en 2018 et « Printemps enragé », en 2018. Il enchaine avec « La danse sur les clous » et enfin le nouvel opus « Contes de Sebou », 2024 chez Agora.

Le grand défi était le roman par ses méandres et sa texture complexe. Mais le poète a réussi de franchir le seuil du romanesque à travers Miettes et ombres en. Errances, un autre recueil poétique voit le jour après des années dans le cachot de l’oubli. Un livre rempli de résonnances et de féerie. L’itinéraire du voyageur ne s’arrête pas là, d’autres projets plus fulgurants et plus à même de donner à réfléchir, à commencer par Printemps enragé, histoire qui se déroule en Syrie et qui remet en lumière l’idiotie des hommes qui s’entretuent bizarrement comme des marionnettes en écrasant les plus faibles et les innocents. Ensuite vient le rôle de l’Atlas, un monde dépaysant où le fantastique invite à la méditation la plus profonde et où l’utile rejoint l’imaginaire. La revenante n’est pas seulement un roman qui relate une histoire, mais plutôt une exhortation à sauvegarder la chaîne de l’Atlas et sa faune par le biais d’un conte central ‘’Azzou’’ qui génère une histoire époustouflante.

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