LE GÉNÉRAL SAID CHENGRIHA S’EN PREND AU MAROC

Une haine indécrottable

Même avant sa nomination à la tête de l’armée, en décembre 2019, le général Chengriha avait qualifié, en 2016, publiquement, le Maroc de «pays ennemi».


Encore une fois, l’Algérie boit le calice jusqu’à la lie. Que Pedro Sanchez et Stéphane Séjourné, respectivement président du gouvernement espagnol et chef de la diplomatie française, renouvellent en l’espace de quelques jours le soutien de leurs pays respectifs à l’initiative d’autonomie pour le Sahara, sous souveraineté marocaine, comme étant «la base la plus réaliste et la plus sérieuse» pour le règlement définitif de ce différend régional, cela provoque l’ire général Said Chengriha. En visite à la 6ème Région militaire à Tamanrasset lundi 26 février 2024, Chengriha a repris ses diatribes bellicistes.

Tout en demandant à ses troupes de se préparer à une éventuelle guerre…, il a fait le parallèle, sur un ton menaçant, entre ce qui se passe à Gaza et la situation au Sahara occidental. «Ce que subissent les peuples frères, aussi bien en Palestine qu’au Sahara Occidental, met en évidence les formes les plus odieuses d’abus commis contre les civils, en particulier contre les enfants, les femmes et les personnes âgées, sans aucune considération aux règles internationales les plus fondamentales des droits de l’Homme et du droit international humanitaire », a déclaré le chef d’état-major de l’armée algérienne.

Images erronées
Ce qui irrite aussi Chengriha, c’est la classification des milices des séparatistes du polisario, abrités par l’Algérie, comme groupe terroriste «Les colonisateurs cherchent par tous moyens à souiller et à oblitérer l’identité des peuples occupés (…) pour justifier l’occupation par la désinformation, la diffusion d’images erronées spoliant la réalité des faits, faisant de l’agresseur une victime et criminalisent une résistance légitime », a développé le patron de l’ANP, âgé de 79 ans.

Il a tenu, le 15 janvier 2024, le même discours devant les militaires algériens en marge d’une visite « de travail et d’inspection » dans la deuxième région militaire d’Oran. « Le général de corps d’armée a donné des directives pour la nécessité de poursuivre les efforts de formation et de préparation au combat pour l’année en cours 2023-2024 avec toute la rigueur nécessaire afin de garantir la préparation opérationnelle de toutes les unités de la deuxième région militaire », lit-on dans des journaux algériens. Le ton belliqueux a toujours caractérisé les discours de Said Chengriha depuis qu’il a accédé au poste de chef d’état-major en décembre 2019, en remplacement de Gaid Saleh, décédé dans des circonstances douteuses.

Le septuagénaire n’hésite pas à faire des voyages longs et fatigants pour porter atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume. La visite qu’il a effectuée, le 19 février, au Rwanda a provoqué un précédant dans la tradition diplomatique avec le Congo Démocratique (RDC). Officiellement, selon le communiqué du ministère algérien de la Défense (MDN), l’objectif de cette visite était de “renforcer la coopération militaire bilatérale” et de “relever les défis sécuritaires qui prévalent dans le continent africain”. Sauf que le timing de ce déplacement recelait une intention perfide. De fait, la RDC reproche à son voisin rwandais de « déstabiliser sa partie orientale en soutenant la rébellion du groupe armé M23 ». Dès lors, en affichant son soutien au Rwanda en pleine tension dans la région des Grands Lacs, Chengriha a pris le risque d’être perçu comme partial. Selon toute vraisemblance, le général l’a fait en connaissance de cause. Il cherchait à porter un coup dur au Congo dont l’amitié pour le Maroc n’a jamais fléchi. D’ailleurs, le Congo démocratique a ouvert en décembre 2020 un consulat général à Dakhla.

Le vice-premier ministre congolais en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a considéré la visite de Chengriha comme un acte hostile. Il a dû convoquer lundi 26 février l’ambassadeur algérien à Kinshasa, Mohamed Yazid Bouzid, pour lui demander des explications. «Au-delà de la souveraineté de chaque État, il était question pour le vice-premier ministre Christophe Lutundula d’obtenir de son hôte une clarification concernant la visite du chef d’État-major de l’armée algérienne à Kigali le 20 février dernier », lit-on dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères de la RDC. Les impairs de Chengriha se suivent mais ne se ressemblent pas. Ce qui s’est passé en Arabie Saoudite a frôlé un incident diplomatique avec le pays des Lieux Saints de l’Islam.

Incident diplomatique
Lors d’une visite officieuse, Saïd Chengriha a atterri le 3 février 2024 à Riyad, sous prétexte d’assister au Salon mondial de la défense (4-8 février 2024). Il a attendu longtemps après la fin de cet événement mondial pour rencontrer l’homme fort de l’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salmane, arguant qu’il a un message à lui transmettre du président Tebboune. Une audience qui n’a jamais eu lieu. L’Arabie Saoudite n’a jamais reconnu l’entité fantoche de la rasd ni le Polisario.

Les tribulations du général Chengriha ne peuvent aucunement cacher son animosité à l’égard du Maroc. Même avant sa nomination à la tête de l’armée, il avait qualifié, en 2016, publiquement, le Maroc de «pays ennemi», du temps où il chapeautait des manoeuvres militaires à Tindouf en sa qualité de commandant de la troisième région militaire. Depuis, il saisit la moindre occasion pour s’attaquer au Maroc. Quoiqu’il en soit, face aux diatribes de Chengriha ou de son «président» Tebboune, le Maroc a toujours fait preuve de sagesse et de sérénité, usant du tact diplomatique.

Articles similaires