Hermann Hesse l'amazigh

ABDELLAH RACHDI, TRADUCTEUR

Le patrimoine littéraire amazigh s’est enrichi de la nouvelle “L’Âme de l’enfant”, du Germano-Suisse Hermann Hesse.

Hermann Hesse se serait-il imaginé un jour appartenir au patrimoine littéraire amazigh? L’écrivain et poète germano- suisse vient en effet de voir une de ses plus célèbres nouvelles, L’Âme de l’enfant, traduite pour la première fois en tamazight. C’est, du reste, le premier auteur germanophone à avoir ce privilège.

En attendant peut-être le philosophe Friedrich Nietzsche, comme nous le confie l’auteur de la traduction de L’Âme de l’enfant, Abdellah Rachdi. «J’ai entrepris d’étudier son ouvrage qui à mon sens est le plus important, Ainsi parlait Zarathoustra, et j’espère réussir à relever le défi de le traduire, sachant la nature de l’ouvrage et le style de son auteur», nous explique-t-il. Le défi est, pour ainsi dire, de taille. Premier obstacle, le vocabulaire amazigh n’est pas suffisamment étoffé pour restituer en tamazight les oeuvres conçues en d’autres langues, surtout quand les langues en question appartiennent à des familles différentes, comme c’est le cas de l’allemand qui est une langue indo-européenne alors que le tamazight fait partie au même titre que l’arabe ou encore l’hébreu à la famille afro-asiatique.

Dans ce sens, M. Rachdi a dû forger plusieurs néologismes à partir des dictionnaires existants, notamment celui de l’ancien directeur du Collège royal, Mohamed Chafik, publié en trois tomes dans les années 1990. «Il est normal que le tamazight soit pauvre dans la mesure où il n’a accédé à l’écrit que dans les années 1960, après que le mouvement amazigh a pris sur lui de le développer,» nous explique-t-il.

Si M. Rachdi parle comme un spécialiste, c’est pourtant sur le tas qu’il a appris le métier de traducteur. Il y a dix ans, c’est plutôt vers la carrière de kinésithérapeute qu’il s’était orienté. «Après le baccalauréat en 2008, j’étais parti en Ukraine précisément à Kharkov et j’avais étudié le russe la première année, puis je m’étais inscrit à l’académie d’éducation physique et de kinésithérapie où je n’avais étudié qu’une seule année, et pour certaines raisons je n’avais pas pu aller au-delà,» nous raconte-t-il.

Traducteur de référence
Rentré au Maroc en 2011, M. Rachdi s’inscrit dans une école privée à Agadir, dans son Souss natal -il a vu le jour à Tiznit en 1988-, pour apprendre l’allemand. «Un ami proche m’avait convaincu que l’Allemagne serait une excellente destination pour poursuivre mes études,» explique-t-il. Puis, ayant atteint le niveau B2 dans la langue de Goethe, M. Rachdi s’inscrit en 2014 à la faculté des lettres et des sciences humaines d’Aïn Chock de Casablanca pour une licence en études allemandes, après avoir de nouveau passé son baccalauréat. C’est au cours de ce cursus qu’il fait pour la première fois la découverte de L’Âme de l’enfant.

«Nous l’avions étudié chez l’estimée professeur Stefanie Schmidt, professeur universitaire d’origine marocaine et allemande, à qui je veux d’ailleurs dédier mon travail,» détaille M. Rachdi. Enseignant aujourd’hui à Tasrirt dans la région de Tafraout, ce dernier espère devenir une référence dans le domaine de la traduction de l’allemand vers le tamazight.

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