Un projet royal mis sur les rails


LA LIGNE GRANDE VITESSE


Le premier TGV d’Afrique est officiellement inauguré. Il reliera Tanger à Casablanca via Rabat en 2h10, contre près de 5 heures actuellement. Un projet pharaonique qui aura coûté globalement 50 milliards de dirhams.

Le 15 novembre 2018. Retenez bien cette date, car elle commémore désormais l’inauguration et l’entrée en service de la première ligne TGV ou la Ligne grande vitesse (LGV) au Maroc, également la première en Afrique. Longue de 200 km, cette Ligne à grande vitesse reliera Tanger à Rabat, la capitale, en 1h20, au lieu de 3h40 actuellement. L’inauguration, en grande pompe, a été présidée par le Roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron. Cette Ligne à grande vitesse est le projet phare de l’Office national des chemins de fer (ONCF), que dirige Mohamed Rabie Khlie, et qui s’est accaparé toute l’attention de ce dernier au point de négliger la maintenance et le renouvellement du réseau ferroviaire classique (ce qui a eu pour conséquence le drame du 16 octobre 2018 de Bouknadel).

Tous les tests techniques ont été achevés et chacune des deux parties partenaires dans la réalisation de ce méga-projet (l’ONCF et la SNCF) y ont apporté les dernières touches à son lancement effectif durant les derniers jours précédant l’inauguration. Le projet de LGV aura coûté un total de 23 milliards de dirhams, sur un total de 50 milliards d’investissements menés par l’ONCF et qui ont concerné, entre autres, le triplement de la voie ferrée entre Kénitra et le doublement de la voie entre Casablanca et Marrakech.

La composante prix
Pour ce qui est du budget de 23 milliards, une enveloppe majorée de 15% plus élevée par rapport à l’estimation initiale de 20 milliards calculée en 2007 au lancement du projet, l’État français s’est engagé pour un peu plus de la moitié (51%) au moyen de différents prêts, dont un de 220 millions d’euros, accordé par l’Agence française de développement (AFD).

Avec la LGV, le nombre de 40 millions d’usagers annuels du train au Maroc devra croître. Six millions de voyageurs par an sont attendus sur les trois premières années d’exploitation commerciale de la LGV. Dans un premier temps, la LGV circulera en deux vitesses différentes: à 320 km/h, soit la vitesse de croisière, entre Tanger et Kénitra, et entre 160 et 180 km/h, entre Kénitra et Casablanca. De nombreuses entreprises françaises ont participé au projet: Alstom pour la fourniture des rames, le consortium Ansaldo-Ineo (signalisation et télécoms), Cegelec (sous-stations électriques) et le consortium Colas Rail-Egis Rail (voies et caténaires). La SNCF a assuré l’assistance à maîtrise d’ouvrage auprès de l’ONCF.

Concernant les prix qui seront appliqués pour les voyageurs, l’ONCF n’a rien communiqué sur cette composante importante qui nourrit à ce jour les spéculations des Marocains. «Les tarifs relatifs à la LGV seront annoncés officiellement juste après son inauguration. Ils ont fait l’objet d’une étude approfondie. Je peux vous garantir, c’est que les prix seront à la portée du plus grand nombre», a déclaré, à cet effet, Abdelkader Amara, ministre des Transports. La qualité des services rendus sera meilleure, pour l’heure uniquement sur la ligne grande vitesse. La qualité a certes un prix. Mais du prix appliqué dépendra le succès commercial du TGV marocain.

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