BASSIROU DIOMAYE FAYE ÉLU NOUVEAU PRÉSIDENT DU SÉNÉGAL

Quel avenir pour l’axe Rabat-Dakar?

Élu nouveau président du Sénégal, l’opposant antisystème Bassirou Diomaye Faye prône la rupture avec le passé dans la gestion du pays. Mais qu’en est-il de sa politique étrangère, notamment vis-à-vis du Maroc?


Bassirou Diomaye Faye e?lu pre?sident du Se?ne?gal, dimanche 24 mars 2024.


D’une cellule à la prison du Cap Manuel au sommet de l’État dix jours après sa libération. C’est le résumé du parcours pour le moins incroyable de Bassirou Diomaye Faye, élu nouveau président du Sénégal dès le premier tour de l’élection qui s’est tenue dimanche 24 mars 2024. Dans les rues, des milliers de Sénégalais sont descendus célébrer l’arrivée de pouvoir de ce jeune inspecteur des impôts de 44 ans que les observateurs et les médias du présentent comme un “antisystème”, avec l’espoir de retrouver la stabilité historique du pays qui a été écornée par les trois dernières années de tensions, voire parfois de violences, sur fond du différend entre le pouvoir du président sortant Macky Sall et l’opposition.

Mais c’est surtout en matière de politique étrangère que Bassirou Diomaye Faye intrigue, alors que l’on sait toujours pas si le concept de “rupture” qu’il prônait haut et fort durant sa campagne -et qu’il devra probablement appliquer durant sa présidence- se limitera à la gestion des affaires internes du Sénégal, ou bien s’il affectera aussi les relations du pays avec son entourage.

Énorme potentiel
“Je voudrais dire à la communauté internationale, à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux que le Sénégal tiendra toujours son rang, il restera le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire”, a assuré, le 26 mars, le nouveau président aux tendances souverainistes lors de sa première apparition publique. Mais à condition que ces partenaires s’engagent avec le Sénégal “dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive”. Un message adressé en premier lieu, probablement, à la France qui sera amenée à revoir ses relations avec Dakar dans une nouvelle logique d’équilibre, si elle espère éviter de subir le même sort qu’au Mali, au Niger et au Burkina Faso où elle perdu sa présence historique avec l’arrivée ces deux dernières années au pouvoir dans ces trois pays, de régimes putschistes souverainistes.

Qu’en est-il du Maroc? “Les deux pays ont les mêmes intérêts, il n’y a quasiment rien qui pourrait les différencier ou les éloigner l’un de l’autre. Donc il faut rester positif, et les choses ne peuvent qu’aller de l’avant”, analyse pour Maroc Hebdo Khalid Chegraoui, vice-doyen et professeur à la Faculté de Gouvernance, sciences économiques et sociales de l’Université Mohammed VI Polytechnique.

Dakar et Rabat sont unis depuis des siècles par des liens d’amitié profonde avec une dimension historique, culturelle et religieuse aussi bien entre les deux peuples que leurs leaderships. “Mais la coopération entre les deux pays n’a pas encore atteint le même niveau de leur amitié. Il y a toujours un énorme potentiel à exploiter notamment par rapport au poids important du Sénégal dans l’Atlantique”, poursuit notre interlocuteur.

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