Plus de 5000 insoumis aux consignes de confinement

TOLÉRANCE ZÉRO

Face aux cas de désobéissance et de violations des consignes de confinement, le ministère public sévit. En deux semaines, plus de 5000 personnes interpellées dont 370 poursuivies en état d’arrestation. Le difficile quotidien des forces de l’ordre est impensable. Finies donc la nonchalance de certains citoyens et la tolérance des autorités

«Restez chez vous!», nous ont martelé, deux semaines durant, les soignants mobilisés contre la pandémie de coronavirus. Une consigne sanitaire qui est aussi synonyme d’obligation légale. Que n’a-t-on pas bien compris de cette consigne pourtant claire ? Son infraction est passible de 1 et 3 mois d’emprisonnement assorti d’une amende dont le montant varie de 300 et 1500 dirhams. Et pourtant, cette mesure de confinement n’est pas respectée par tous. Le comportement irresponsable de milliers d’habitants de plusieurs villes est, tout bonnement, inadmissible.

La preuve est irréfutable. Depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire le 20 mars 2020, il ne s’est pas passé un jour sans que les forces de l’ordre, chargées de veiller au respect du confinement et des dispositions réglementaires inhérentes à celui-ci, n’interviennent pour interpeller des individus qui se permettent, dans l’indifférence totale, de quitter leur domicile, au mépris des consignes liées à l'instauration de l’état d’urgence sanitaire, mettant ainsi en danger leur vie et celle d’autrui. Ils enfreignent par leurs actes condamnables la loi dont leur majorité ignore l’existence même.

Le 24 mars 2020, un décret-loi n° 2.20.292 portant sur les dispositions relatives à l'état d'urgence sanitaire et aux procédures de sa déclaration, a été publié au Bulletin officiel. Des dispositions répressives et dissuasives ont été apportées par ce décret- loi en cas de manquement aux décisions et injonctions des autorités.

Une loi bafouée
Tout contrevenant est, ainsi, passible d'une peine d'un mois à trois mois de prison assortie d'une amende de 300 à 1.300 DH ou l'une des deux peines. Les mêmes sanctions sont prévues contre tous ceux qui enfreignent les décisions des autorités publiques en ayant recours à la violence, à la menace, à la fraude ou à la contrainte. Le décret-loi prévoit la même peine pour toute personne qui incite autrui à entraver ou à contrevenir les décisions des autorités au moyen de discours, de cris ou de menaces et les réunions publiques ou des écrits, pancartes, photos ou des enregistrements mis en vente, distribués ou exposés au public via les différents médias audiovisuels ou électroniques, ou encore tout moyen utilisant un support électronique à cet effet.

Malheureusement, depuis sa mis en oeuvre jusqu’au 2 avril, les infractions ont été légion. Ils sont précisément 4.835 individus à être poursuivis pour avoir violé ses dispositions, dont 334 ont été déférés devant la justice en état d’arrestation, indique un communiqué du Ministère public en date du jeudi 2 avril.

La même source ajoute que 263 personnes, dont 43 en détention, ont été poursuivies par la justice suite à la violation de certaines dispositions du code pénal, depuis que les autorités publiques ont annoncé l'état d'urgence le 20 mars. Au total donc, plus de 5000 personnes ont violé les règles du confinement.

La résultante directe et implacable de ces agissements insouciants et inconscients est une hausse vertigineuse du nombre des cas contaminés. A titre de comparaison, le 20 mars, jour de l’annonce de l’état d’urgence sanitaire, le Maroc comptait 77 cas confirmés et 3 décès. Ce constat est sans commune mesure avec le bilan du 2 avril : 691 cas confirmés et 44 décès. C’est dire que le prix à payer est la vie de Marocaines et de Marocains.

Le comble, c’est qu’en plus des « rebelles », il y a une autre catégorie de récalcitrants qui ne se contente pas seulement d’enfreindre la loi. Pire, elle incite, en sus de cela, les citoyens à sortir dans la rue et à s'attrouper. Pour ne citer que cet exemple, un élu du Parti justice et développement (PJD) a été mis, dimanche 29 mars 2020, sous mandat de dépôt à la prison locale de la ville d’Errachidia. Il a incité la population à violer le confinement décrété. Il s’agit en l’occurrence de Amine El Hasnaoui, 38 ans, conseiller municipal de la ville d’Errachidia, qui avait publié, vendredi 27 mars sur son compte Facebook, un message d’appel à la violation de l’état d’urgence sanitaire.

Mesures préventives
C’est loin d’être un cas isolé. Ce qui change, ce sont les circonstances et les endroits. Car il y a eu d’innombrables violations du confinement notamment dans les villes de Tanger, Tétouan, Fès et Salé, ce qui a poussé le Parquet général à ouvrir une enquête. Celle de Tanger, qui a vu le rassemblement de centaines de personnes, a défrayé, d’ailleurs, la chronique. Les services de la Sûreté nationale de la ville ont réussi à identifié les personnes ayant incité à l'attroupement, samedi 21 mars, et qui ont délibérément désobéi et ne se sont pas conformées aux mesures préventives prises pour prévenir la propagation de l'épidémie du coronavirus. Le principal impliqué, qui est sorti en premier sur la voie publique dans la zone de "Souani" et a commencé à inciter les gens à l'attroupement a été arrêté. Le deuxième individu qui a incité les gens à la désobéissance et à l’attroupement au niveau du quartier "Mesnana" à Tanger, dans des circonstances à même d'exposer la sûreté et à la sécurité des citoyens au danger, a été, lui aussi, interpellé.

Manque de respect
Cette désobéissance ne peut pas être attribuée à un manque de sensibilisation au préalable. Depuis le 20 mars et pendant une semaine au moins, des patrouilles des forces de l’ordre avaient multiplié les rondes dans tous les quartiers des villes et villages du royaume, enjoignant les personnes en infraction à respecter l’état d’urgence sanitaire.

A Casablanca, au tout début du confinement, l’on assisté à des scènes où les agents de police et des forces auxiliaires intervenaient pour conseiller aux citoyens de rester chez eux. Les vidéos de la fameuse Caïda Houria ont fait le tour des réseaux sociaux, très suivies eu égard à sa ‘’pédagogie’’ très particulière de faire respecter les consignes de confinement. Hélas, quelques jours plus tard, les contrevenants devenaient encore plus nonchalants et il y en qui en a fait obstruction aux forces de l’ordre ou qui leur ont manqué de respect sur la voie publique.

En réaction à cette indifférence et à ces dépassements, le Ministère public, présidé par Mohamed Abdennabaoui, est intervenu le 24 mars en invitant le premier avocat général, les avocats généraux à la Cour de cassation, les procureurs du Roi près les Cours d’appel et des Cours d’appel de commerce et les procureurs du Roi près les tribunaux de première instance et les tribunaux de commerce à veiller à l’application rigoureuse des dispositions du décret- loi n° 2.20.292.

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