Aâtimad Zahidi, ex-député PJD: "Le PJD, un parti despote et incompétent"

En octobre 2020, la jeune militante du PJD, Aâtimad Zahidi, crée la polémique en démissionnant du parti. Maroc Hebdo revient avec elle sur ce feuilleton qui avait fait couler beaucoup d’encre, les raisons de sa démission, le choix du RNI et comment le MUR fait encore la pluie et le beau temps au sein du PJD.

Vous vous êtes engagée en politique à l’âge de 17 ans. En 20 ans, vous avez gravi les échelons au sein du PJD pour devenir membre du Conseil national du parti. Le 26 octobre 2020, dans une lettre incendiaire, vous avez annoncé votre démission. Une démission sur un coup de tête ou murement réfléchie?
J’ai effectivement débuté la politique très tôt. J’ai été très convaincue par le discours politique et l’engagement pris par le PJD. Nous avions mis la barre très haut avec des messages de changement forts.

Mais depuis 2011, il s’est avéré que ce parti manque cruellement de vision, de compétence dans la gestion publique et fait montre d’une dictature, d’un despotisme et d’une grande hypocrisie. C’était naturel pour moi que je quitte cette formation qui ne correspond plus à ma vision de la politique et qui n’a fait que mentir aux Marocains.

En parlant d’hypocrisie, Driss El Azami Idrissi, président du Conseil national du PJD, vous avait attaqué lors de votre démission. Quelques mois après, il a, à son tour, démissionné pour les mêmes raisons…
Effectivement. Dans sa lettre de démission, il a repris presque les mêmes messages contenus dans la mienne. Ceci alors qu’il y a 5 mois, il réfutait avec véhémence mes propos. C’est un double discours, oui, mais ça fait dorénavant partie de l’ADN des dirigeants de ce parti. Un parti autoritaire qui, au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes et de bosser, s’attarde sur des futilités, sur ton aspect vestimentaire et ton maquillage.

Un parti qui a fait de la victimisation sa marque de fabrique. Depuis 2011, le parti a été démasqué. Mais c’est à partir de 2015, lorsque le parti est entré dans la gestion locale, qu’il a démontré véritablement sa faiblesse.

Le PJD refuse d’être taxé d’une branche intimement liée au Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR). Ce dernier n’est pas seulement le bras idéologique du parti, mais celui qui en tire les ficelles. Vous avez connu le PJD de l’intérieur. Qu’en est-il justement?
Ils refusent de l’admettre mais c’est le MUR qui fait la pluie et le beau temps au PJD. Toutes les personnes promues au parti, qui forment la direction, qui sont toujours aux mêmes postes et responsabilités, doivent recevoir la bénédiction du MUR. C’est un parti basé sur une idéologie particulière et qui n’est pas ouvert à toutes les composantes de la société marocaine. Il a exploité la religion à ses fins électoralistes et politiques.

La religion ne doit jamais être utilisée dans le discours politique. Le meilleur exemple est celui de la polémique ayant suivi le projet de loi sur la légalisation du cannabis. Ils veulent créer des amalgames et manipuler l’opinion publique. Au lieu d’apporter des arguments politiques et scientifiques, ils créent de la propagande en intégrant le volet religieux. Nous disposons de l’institution d’Imarat Al Mouminine et le Conseil supérieur des Oulémas qui peuvent trancher sur ces sujets. Le Maroc n’a pas besoin de partis politiques avec des idéologies.

Le Rassemblement national des indépendants (RNI) vous a accueillie à bras ouverts. Pourquoi ce choix?
Le RNI dispose de militants qui sont proches des citoyens. J’ai observé leur travail sur le terrain et ils sont pragmatiques. Le RNI cherche à instaurer un programme démocratique social et essaie de s’organiser en interne. J’estime que j’ai beaucoup de choses à donner pour réussir ces missions.

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