Hassan Aourid remonte le temps et situe les dynamiques géostratégiques et idéologiques qui ont régi le monde arabe au cours des deux derniers siècles.
Dans son dernier livre, Aux origines du marasme arabe (éditions Tusna), Hassan Aourid, historien, remonte le temps et situe les dynamiques géostratégiques et idéologiques qui ont régi le monde arabe depuis l’époque de l’empire ottoman jusqu’à la mort de Jamal Abdenassar en 1970. Dans ce contexte, l’Egypte et la région de l’Arabie Saoudite sont deux acteurs influents pour les mouvements d’épanouissement arabe. Un épanouissement qui se voudra d’abord contre les Ottomans puis contre les diverses forces impérialistes, notamment la France et la Grande Bretagne, avant que ces dernières ne soient supplantées par les Etats- Unis, l’URSS et le projet d’Israël.
Choc avec la modernité
S’appuyant sur des faits historiques détaillés, c’est un monde arabe s’étalant de la Syrie à l’Atlantique en perpétuelle lutte qui est présenté dans ce livre. L’Egypte est ainsi, pour l’auteur, un pays qui a toujours eu une longueur d’avance, se positionnant en avant-garde. Dans ce sens, l’expédition de Napoléon en Egypte constituera un choc avec la modernité pour l’empire ottoman et inspirera les tentatives de modernisation du pays qui démarreront avec Mehmet Ali et ce, avant le projet panarabe de Nasser, qui se présentait comme la solution à la léthargie arabe. «Modernisation, bourgeoisie, presse, parlementarisme, coups d’Etats, rôle prégnant de l’armée, socialisme, islamisme, libéralisme (infitah), sont autant de phénomènes qui ont vu le jour d’abord en Egypte, pour s’étendre dans le monde arabe, à des degrés divers», écrit Aourid en introduction du livre.
L’Arabie est, pour sa part, une région qui va commencer à peser via l’idéologie wahabite, apparue au début du 19ème siècle, et les pétrodollars, qui feront la promotion de cette idéologie.
Mais, tout au long des presque 200 pages du livre, où l’on trouve aussi des articles de plusieurs chercheurs et intellectuels (Gilles Kepel, Charles Rizk, Eugène Rogan, Najib Azzouzi, Patrice de Mac Mahon, Jean-Paul Sartre, Michel Aflaq…), un maître-mot revient, celui d’unité. L’unité du monde arabe a souvent fait défaut, l’affaiblissant sur le plan culturel, politique et économique, laissant ses pays à la merci des intérêts étrangers et les peuples à la merci des calculs égoïstes des élites dirigeant les pays arabes.
Ainsi, Hassan Aouarid estime que «le monde arabe n’a pas été le maître de ses destinées, tout au long de deux siècles. Il fut plus déterminé que déterminant». Mais, malgré cela, l’auteur ne peut faire fi de la centralité du monde arabe, parce que c’est lui qui «décidera de la paix et de la sécurité dans le monde, comme il peut la compromettre, avec ses excédents démographique et ses idéologies messianiques»
Par, Mohammed Amine Harmach