Benchemmass resserre la vis

Le IVème congrès du pam menacé d'annulation

Le secrétaire général du PAM a annulé les élections de la commission préparatoire du prochain congrès du parti. Pas la meilleure façon, sans doute, de faire face au défi électoral de 2021.

Le partage du pouvoir, ce n’est visiblement pas la tasse de thé de Hakim Benchemass. Avançant «les violations et les abus réglementaires, légaux et éthiques» ayant selon lui entravé la réunion préparatoire du IVe congrès du Parti authenticité et modernité (PAM), tenue le 18 mai 2019 à Rabat, le secrétaire général du parti du tracteur s’est de nouveau octroyé le pouvoir absolu et s’est notamment réemparé de la présidence du bureau fédéral, qu’il avait dû céder sous la pression, le 5 janvier 2019, à Mohamed El Hamouti.

C’est lors de la réunion du bureau politique du PAM tenue deux jours plus tard, le 20 mai, toujours à Rabat, pour justement discuter du déroulement et des répercussions de la réunion du 18 mai que la décision d’évincer M. El Hamouti a été actée. Mais à quelles violations et abus M. Benchemass fait-il référence? Pour le comprendre, il faut d’abord revenir au 5 mai, date de l’organisation, à Salé, de la 24e session du conseil national du PAM.

Apaiser les tensions
Au cours de cette session, au moins aussi houleuseme que la réunion du 18 mai, les PAMistes s’étaient accordés pour avancer la date du prochain congrès de leur parti, initialement prévue début 2020 mais qui, finalement, devrait avoir lieu en été, entre juillet et septembre. La réunion du 18 mai devait fixer les modalités du congrès: élection des président et vice-président de la commission préparatoire ainsi que des rapporteurs. Or, au moment d’effectuer le vote, l’heure du scrutin venue, M. Benchemass a avancé que l’assistance comptait de nombreuses personnes qui n’avaient aucun rapport avec le parti et qui, par conséquent, n’étaient pas aptes à se prononcer sur les noms des membres de la commission préparatoire. Vraiment? Selon une source au bureau politique, M. Benchemass aurait, en fait, constaté qu’il ne pourrait pas imposer ses hommes au sein de la commission, étant en minorité, et ainsi pouvoir garder sa main sur le parti.

En tout cas, sur la base donc des «violations » qu’il explique constater, il se retire et ordonne aux siens de faire de même. La séance continue toutefois et élit, à la tête de la commission, Samir Goudar, un proche du président de la région de Marrakech-Safi, Ahmed Akhchichine, principale figure de la contestation contre M. Benchemass et dont il n’est autre que le vice-président. En tout état de cause, M. Benchemass ne pouvait accepter que la commission préparatoire du IVe congrès soit dirigée par un de ses ennemis déclarés, et c’est alors qu’il en a également profité pour régler d’anciens comptes, notamment avec M. El Hamouti.

Ce dernier, comme on l’a dit, lui a été imposé. Par qui? Par M. Akhchichine, encore lui- un gage pour minimiser la poigne de M. Benchemass sur le parti. Lui-même d’ailleurs, soutenu notamment par les présidents des régions de Casablanca-Settat et de l’Oriental, à savoir Mustapha Bakkoury et Abdenbi Bioui, ainsi que par l’ancien député Mehdi Bensaid, s’imposera en tant que secrétaire général adjoint, pour ne pas dire secrétaire général bis. Naturellement, la décision de mettre fin au mandat de M. El Hamouti a été contestée et a vu pas moins de douze membres du bureau politique, dont M. Akhchichine, se fendre d’un communiqué pour la rejeter et en critiquer la teneur antidémocratique. En tout cas, ce n’est pas sous les meilleures auspices que semble se présenter le congrès.

Articles similaires