Changer d'entreprise pour changer de modèle de développement

RÉINSTAURER UN CLIMAT DE CONFIANCE ENTRE DIRIGEANTS ET SALARIÉS EST LE PRÉALABLE POUR L’AVÈNEMENT D’UNE ENTREPRISE CITOYENNE.

À l’heure de la mobilisation générale pour élaborer un nouveau modèle de développement, l’entreprise reste plus que jamais le fer de lance pour donner un nouveau souffle au développement économique de notre pays. En effet, l’entreprise marocaine porte une responsabilité forte, celle de relancer l’économie et donc l’emploi, pour offrir à nos concitoyens un avenir prospère. Pour relancer l’économie, il faut absolument la confiance, et pour cela, l’entreprise doit changer, notamment, en améliorant la perception du «made in Morocco». Cela passe aussi par le fait de favoriser la concurrence loyale pour rendre attractif l’acte d’investir. Par ailleurs, l’entreprise marocaine doit également rompre avec l’image élitiste qui lui colle à la peau jusqu’à présent. Rappelons que les entreprises marocaines ne se limitent pas à ces 90.000 entreprises membres de la CGEM (qui représentent plus de 60% du PIB du Royaume aujourd’hui). Elles concernent aussi toutes les autres petites et moins petites, dont l’importance pour la création d’emplois n’échappe à personne.

Or quelle que soit sa taille, cette entreprise a été, jusqu’ici, réduite à une machine à faire des profits. Alors qu’elle est une organisation collective de création de richesses. Or, sans création de richesses et de leur répartition, il ne peut y avoir de développement. Opter pour un schéma de développement qui ne remet pas au centre la mission créatrice de l’entreprise, ne pourrait que reproduire le processus de développement standard qu’on a connu jusqu’ici. Processus sur lequel tout le monde est d’accord pour dire qu’il a atteint ses limites. Pour sortir de ce sentier de croissance économique excluant pour le grand nombre il faut partir du postulat que l’entreprise ne peut se réduire à un ensemble de contrats marchands et opportunistes, comme l’ont imaginé certains théoriciens de l’économie «mainstream». Ceci ne veut pas dire qu’elle ne revêt pas une dimension marchande. Mais qu’elle revêt aussi, à côté de cette dernière, une dimension coopérative, sociale, technique, qui s’inscrit dans le long terme.

Pour sortir de la conception réductrice de l’entreprise, se traduisant le plus souvent par la focalisation des dirigeants sur la maximisation de profits à court terme et qui a provoqué un creusement des inégalités entre salariés et actionnaires, il faut remettre la mission créatrice de l’entreprise au centre. Ainsi, pour contribuer au développement économique, l’entreprise doit être un facteur d’innovation. Pour e faire, elle doit développer, outre le profit, des potentiels collectifs (brevets, etc.), mais aussi individuels, via la formation, la montée en compétence des salariés. Par ailleurs, les actionnaires ne doivent plus être reconnus comme les seuls «preneurs de risque», alors que les salariés assument tout autant les conséquences d’une mauvaise gestion. D’où la nécessité également d’instaurer des règles différentes de partage des richesses produites par l’entreprise. C’est à cette condition que la confiance va pouvoir être réinstaurée entre les salariés et les dirigeants d’entreprise

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