LE CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE PLOMBE LES CRÉATIONS D’EMPLOIS.
Comment relever les niveaux de compétitivité et augmenter le niveau de vie de la population, alors que l’économie nationale n’arrive pas à créer suffisamment d’emplois? Ce ne sont pas les 143.000 emplois nets créées entre 2018 et 2019 qui vont mettre fin à un chômage structurel qui n’en finit pas de sévir. Avec une hausse de 26.000 personnes sur la même période, le nombre des chômeurs a atteint pas moins d’un million et 114.000 personnes. Ajoutons à cela d’un taux d’activité (part des personnes actives dans la population totale) qui stagne autour de 44,9% et un taux d’emploi (part de la population active occupée dans la population totale) des plus faible et qui ne dépasse guère les 40,7%.
Le chômage, nous disent les experts du Haut Commissariat au Plan (HCP), continue à toucher surtout des jeunes, les femmes, et comble du désespoir, les diplômés. Des ingénieurs ou des médecins, chèrement formés, trouvent souvent toutes les difficultés du monde à s’employer, pas n’importe comment, mais dans de bonnes conditions. Alors que ceux qui ne disposent d’aucun diplôme ne trouvent pas autant de difficultés à s’insérer sur le marché du travail. Un de ces paradoxes que l’on ne trouve que dans des pays sous-développés comme le Maroc. Ce chômage est d’autant plus inquiétant qu’il est le plus fréquent en période difficile et qu’il dure plus longtemps : plus des deux- tiers, soit 66,8 % sont en situation de chômage de longue durée. Le HCP précise également que plus du quart des chômeurs (27,8%) se sont retrouvés dans cette situation suite au licenciement ou à l’arrêt de l’activité de l’établissement employeur. Ajoutons à cela la forte concentration du nombre de chômeurs dans les 6 régions les plus dynamiques du Royaume : de Casablanca-Settat à Fès-Meknès en passant par Rabat-Salé-Kénitra, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l’Oriental et Souss-Massa.
Ce fléau ne peut qu’accentuer le sentiment de pessimisme que ressentent les ménages marocains chaque que les enquêteurs du HCP leur demandent, de temps en temps, de faire des pronostics sur l’avenir proche. L’enquête de conjoncture (troisième trimestre 2019) du département de Lahlimi, n’a pas manqué, à cet effet, de relever que «près de 80% des ménages estiment que le chômage devra connaître une hausse au cours des 12 mois prochains». Au plus bas depuis trois ans, le taux chômage sape la confiance de nos concitoyens. Cette exclusion d’une population en âge d’activité du monde du travail explique en grande partie la dégradation du niveau de revenu des ménages. Dégradation qui ne peut se traduire que par la faiblesse continue de leur niveau de consommation et plus encore par le très modeste niveau de leur épargne. Seuls 3,2% des ménages déclarent, en effet, épargner une partie de leur revenu. Ménages qui ont le sentiment que leur situation, notamment, financière, se détériore de plus en plus. Et ce, au moment, où la contribution du secteur bancaire au développement de l’auto- emploi, ne s’améliore guère.