Chômage technique non rétribué pour les députés du PAM

Abdellatif Mansour

Pas de salaire pour ne rien faire


Depuis sa création, en  passant par différentes  consultations  électorales populaires,  le PAM n’a pas cessé  de susciter des interrogations.  La dernière en date concerne les  indemnités des députés durant les  trois mois d’inactivité totale de la  première chambre du parlement.  La direction du PAM a appelé ses  représentants à restituer ces émoluments,  jugés indus. C’est vite dit,  car l’application pose problème.

Aucune procédure réglementaire  n’est prévue pour ce cas d’espèce  exceptionnel. Une fois que la  trésorerie publique débloque une  dépense notifiée, le renvoi à l’expéditeur  n’est pas envisagé. Avouez  que l’historicité du parlementarisme  marocain n’a jamais enregistré  un précédent de ce genre.  À une réserve près et quelque peu  similaire, lors du prolongement de  la législature de 1984-1990 qui  n’a pris fin qu’en 1993. Mais là, le  parlement en place avait continué  à fonctionner sur son rythme de  croisière.

Certains députés USFP avaient jugé  que cette rallonge non seulement  n’était pas nécessaire, mais elle  desservait la crédibilité de l’institution.  Ils avaient décidé, contre  l’avis de leur parti, de ne pas retirer  leurs indemnités, allant jusqu’à  geler leurs comptes bancaires. La  comparaison s’arrête là. Alerté au  sujet de cette autre forme de blocage,  après celui du renouvellement  du gouvernement, le ministère  de l’Économie et des Finances  a mobilisé ses érudits les plus rompus  aux situations inédites. Ces  derniers ont effectivement produit  une fatwa qui consiste à verser au  trésor de l’État une hiba équivalente  aux salaires perçus.

Des députés qui font une hiba, ça  ne court pas les couloirs du parlement.  Sur ce point, du moins,  l’unanimité nationale est d’ores  et déjà acquise. La somme, légèrement  revue à la baisse, a été  fixée à 81 mille dirhams au lieu de  140 mille qui couvrent la période  où la Chambre des représentants,  fraîchement renouvelée, affichait  porte close. Peu importe, le geste  dépasse cette arithmétique de  tiroir-caisse.

Pour le PAM, cette initiative est à  verser au compte de sa volonté  de faire de la politique autrement.  Cette démonstration, aussi symbolique  soit-elle, ne participe donc  d’aucune démarche populiste à peu  de frais. À titre de contrôle du degré  de discipline interne, les députés  PAM ont été priés d’envoyer à la  direction du parti le récépissé du  versement. La confiance règne.

Il n’empêche que l’engagement  précipitamment escompté n’était  pas forcément admis dans les  rangs du PAM. Murmures et chuchotements  de réticence, en circuit  fermé. On n’a pas été élus, dit-on,  pour user nos pantalons sur les  maroquins du parlement; mais pour  être souvent présents dans nos  circonscriptions, à l’écoute de nos  électeurs pour prendre la mesure  de leurs attentes.

Cette réserve formelle est parfaitement  recevable en théorie. Sauf  qu’elle ne résiste pas à la réalité  des faits, où les députés, toutes  étiquettes partisanes confondues,  sont souvent dans un nulle part qui  ne correspond en rien à leurs attributs  de fonction. D’où l’originalité  quelque peu embarrassante de  l’initiative du PAM.

Le commun des électeurs est en  droit de se demander pourquoi  d’autres partis, sinon la totalité de  l’échiquier représenté à l’Hémicycle,  n’ont-ils pas emboîté le pas  au PAM? Cela aurait quelque peu  contribué à améliorer la représentation  publique de la chose politique,  auprès du peuple électeur.  Un pari hasardeux, mais néanmoins  bienvenu

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