Massoud Hayoun, né à Los Angeles où a grandi, a été formé à aux prestigieuses universités de Californie à Los Angeles et de Columbia. Après plusieurs années passées en tant que journaliste d’investigation, où il a eu plusieurs récompenses, M. Hayoun élargit son horizon et se tourne vers l’art contemporain en 2016. Alors qu’il est revenu à Los Angeles pour s’occuper de sa grande mère, il entame l’écriture de son premier livre, “Quand nous étions Arabes», tout en s’initiant à la peinture, influencé par les oeuvres naissantes de sa grand-mère.

«Quand nous étions Arabes» n’est pas un simple récit autobiographique ; c’est une exploration de l’identité arabe à travers le prisme de l’histoire familiale de Hayoun. “Ce premier livre est une théorie politique de l’arabité que j’applique à la vie de mes grands-parents. Il explore les manières dont divers projets coloniaux ont cherché à désarabiser les Arabes de confession juive - de manière similaire à d’autres minorités du monde arabe” nous explique ce jeune artiste de 37 ans. L’arabité, pour M. Hayoun, est ainsi une question d’amour et de famille. Elle représente un lien avec ceux qui l’ont précédé, un pont vers un héritage culturel riche et diversifié. Ses oeuvres sont imprégnées de cette arabité, une réponse au colonialisme et à ses frontières arbitraires et également “une affirmation de solidarité avec le peuple palestinien”.

De l’écriture à la peinture, M. Hayoun continue à “explorer des idées intellectuelles, mais à travers un moyen différent, qui est plus accessible à ceux qui n’ont peut-être pas eu l’opportunité d’une éducation formelle” nous déclare-t-il en soulignant que “pour apprécier une peinture, il suffit d’avoir des yeux pour voir et un coeur pour ressentir, ainsi que ses propres expériences de vie”. Le choix de ses thèmes - politique, culture, identité - n’est pas fortuit. Ils reflètent son expérience en tant que journaliste, auteur et maintenant peintre. M. Hayoun se considère comme un autodidacte sauf que sa rencontre avec Ai Weiwei, une figure emblématique de l’art subversif, a été un catalyseur pour sa carrière. Par ailleurs, M. Hayoun ne se contente pas de peindre. Il cherche à provoquer, à éduquer, à éveiller. Ses oeuvres sont des appels à la conscience, des invitations à envisager un monde plus juste, plus humain. «Je veux vivre dans un monde où la Nakba et l’Holocauste sont impossibles,» déclare-t-il, révélant une aspiration profonde à la paix et à l’harmonie.

Appels à la conscience
Son travail a trouvé un écho particulier au Maroc, un pays qui occupe une place spéciale dans son coeur. L’exposition de ses oeuvres à la galerie African Arty à Casablanca et au 1-54 à Marrakech est un hommage à ses racines marocaines, un retour aux sources empreint de significations personnelles et historiques. En outre, dans la série de peintures de Massoud Hayoun, on retrouve une profondeur narrative et une réflexion sur son héritage culturel, surtout marocain. L’une de ses oeuvres, intitulée «My ancestors came to my show in Morocco, wa oult, ‘yak chi bas makayn, ya oueldna laaziz’», capte l’essence de son lien avec ses racines. À travers ce titre, il imagine un dialogue avec ses ancêtres, mêlant avec subtilité humour et nostalgie, soulignant l’importance du passé dans son présent artistique.

En plus, «After Hours, a Moroccan in Casablanca requests a chaabi anthem», une oeuvre mesurant 30x40 pouces, est une célébration de la culture marocaine contemporaine. L’utilisation de l’acrylique sur toile donne vie à une scène nocturne vibrante, où la musique et l’identité s’entremêlent pour révéler l’amour de Hayoun pour le Maroc et ses traditions. Massoud Hayoun, avec ses toiles et ses mots, bâtit des ponts entre les cultures, les époques et les peuples. Son art n’est pas seulement une expression de son identité complexe, c’est un appel à la réflexion, à la compassion, et à l’action.