Interview. David O’Brien, en charge du développement du réseau Ryanair au Maroc et en Europe, dit être surtout venu pour «discuter» avec le ministre du Tourisme d’intérêts communs entre le Maroc et la compagnie.
Maroc Hebdo: Pour quelles raisons vous trouvez-vous au Maroc?
David O’Brien : Nous sommes enchantés d’annoncer l’inauguration d’une nouvelle ligne entre la ville de Rabat ici au Maroc et la ville de Rome en Italie. La liaison devrait si tout se passe comme prévu débuter au mois d’octobre 2015. Nous souhaitons également saisir l’occasion pour discuter avec le ministre du Tourisme Lahcen Haddad des opportunités de croissance sur certains marchés à potentiel élevé. Nous sommes la première compagnie d’Europe. En 2014 nous avons transporté plus de 100 millions de passagers. En comparaison, des compagnies classiques connues du grand public n’en ont transporté que 5 millions.
Est-ce vrai que dans la foulée de l’adoption, début 2014, d’une nouvelle taxe sur les billets d’avion par le Maroc vous avez projeté de quitter le pays?
David O’Brien: Nous maintenons une forte croyance au potentiel de la destination Maroc. C’est l’un des pays les plus stables de la région. Contrairement à d’autres compagnies, Ryanair a choisi d’investir. Pour preuve l’inauguration de la nouvelle ligne. Il devrait s’agir de notre huitième ligne à Rabat. D’ici fin 2016 nous prévoyons une croissance de 30% au Maroc. Nous avons dans l’absolu dans l’idée de rester. Mais l’on ne peut cela dit faire abstraction du fait que la donne est en train de changer. Les îles Canaries devraient bientôt procéder à la réduction de leurs taxes aériennes.
Avez-vous cherché à négocier avec le gouvernement marocain?
David O’Brien: Quelle qu’elle soit, nous ne manquerons pas d’accueillir avec tout le respect qui se doit toute décision du gouvernement marocain. Nous ne sommes surtout pas là pour le critiquer. Nous n’avons même pas dans l’objectif de lui demander de supprimer la taxe. Nous avons uniquement pour souhait d’apporter notre point de vue.
Comment êtes-vous arrivés à faire des bénéfices au Maroc alors même que le Royaume adoptait la taxe?
David O’Brien: La situation n’a pas été idyllique, il est vrai. Le trafic aérien a stagné, vous l’aurez bien compris, depuis l’entrée en vigueur de la taxe.
Des chiffres à nous communiquer à ce propos?
David O’Brien: Le trafic depuis l’Europe a baissé de 2% d’après nos estimations. Il aurait pu baisser jusqu’à 5% si Ryanair n’avait pas procédé au maintien de ses lignes. C’est grâce à Ryanair que la fréquentation touristique du Maroc n’a pas baissé au cours de l’hiver 2014/2015. Nous sommes actuellement en deuxième position au Maroc. Nous ambitionnons de renforcer notre présence.
Le fait que vous inauguriez une ligne entre Rabat et Rome pourraitil éventuellement présager de la réussite de la liaison?
David O’Brien: L’aéroport de Rome est un des plus importants d’Europe. Nous parions bien sûr sur la réussite de la liaison. Mais à Rome l’offre n’est pas de taille négligeable. L’aéroport dessert la Grèce, la Roumanie, Israël, entre autres. Si les passagers en provenance de Rome ne trouvent pas leur compte, ils ne viendront pas.
Qu’en est-il de votre programme pour l’hiver 2015/2016?
David O’Brien: Nous avons effectivement un programme en cours de mise en oeuvre. La nouvelle ligne aérienne en fait partie. Nous effectuons 150 liaisons chaque semaine. Mais il devient clair que si la situation ne nous le permet plus nous serions dans l’obligation de reconsidérer notre positionnement. Mais ce n’est nullement prévu pour l’instant.