Le deal Saham-Sanlam en question

Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie.

Elalamy demande une enquête


Le ministre de l’Industrie veut une enquête pour l’innocenter de tout délit d’initié dans la vente par son groupe Saham de son pôle assurances au sud-africain Sanlam.

En mars 2018, Saham faisait sauter la banque après la cession pour plus d’un milliard de dollars de son pôle assurances au sud-africain Sanlam. Qualifié de coup du siècle dans le milieu des affaires casablancais, le groupe de Moulay Hafid Elalamy pourrait cependant bien devoir faire machine arrière.

En cause, un délit d’initié présumé, après qu’il se soit avéré que quelques semaines avant l’annonce de la transaction, la loi des finances avait abrogé la fameuse taxe d’enregistrement, dont les sociétés devaient s’acquitter à l’achat de parts dans les groupements d’intérêt économique ou d’actions ou de parts sociales dans les sociétés. Cette taxe était fixée jusqu’au 31 décembre 2017 à 4%. En conséquence, Sanlam aurait dû débourser 400 millions de dirhams de plus à aller dans les caisses de la trésorerie générale du Royaume. Si l’accusation paraît tirée par les cheveux, dans la mesure où les montants en jeu sont dérisoires par rapport aux capitalisations boursières de Saham et de Sanlam, elle a cependant fait suffisamment de bruit pour amener les pouvoirs publics à retarder l’apposition de leur signature pour valider l’opération.

En principe, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), chargée de contrôler les personnes exerçant ou gérant des opérations d’assurance ou de réassurance, devait avoir donné son aval dans les trente jours ayant suivi l’opération. Pour ne rien arranger, les relations maroco-sud-africaines connaissent actuellement un froid après l’affaire de la saisie de 54.000 tonnes de phosphate marocain par la justice sud-africaine au prétexte qu’elles auraient été illégalement exploitées au Sahara marocain.

Exemptions d’impôts
Pretoria avait également retiré le 3 mai 2018 son soutien au Maroc pour l’organisation de la Coupe du monde de football de 2026, après lui avoir dans un premier temps apporté son appui «sans conditions » -le 16 avril par la voix du président de la Fédération sud-africaine de football (SAFA), Danny Jordaan. Visiblement contrarié, M. Elalamy a profité du conseil du gouvernement du 10 mai 2018 pour demander au chef de l’Exécutif, Saâd Eddine El Othmani, de mettre en place une commission pour enquêter sur les dessous du deal Saham-Salam, tellement le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique est sûr de son fait. «Soit on trouve quelque chose à me reprocher et je mériterai alors une sanction, soit ce n’est pas le cas et il faudra arrêter les détracteurs», a-t-il dit à ses collègues.

M. Elalamy a également tenu à mettre au clair le statut d’utilité publique que s’était vu accorder le 6 novembre 2017 la Fondation Saham, bras associatif du groupe éponyme, par la primature et le secrétariat général du gouvernement, après que le bruit ait couru que Saham en profiterait pour s’octroyer des exemptions d’impôts sous le boisseau. Les experts estiment l’argent que pourra recueillir l’Etat après la validation de la vente de Saham Assurances à plus d’un milliard de dirhams.

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