La gestion des déchets, notamment ceux de la décharge de Médiouna, plus grand dépotoir du Maroc, est l’un des gros points noirs de Casablanca. Pourtant, la situation n’est pas près de changer, au plus grand désespoir des habitants.
Amoncèlement de déchets ménagers, odeur pestilentielle, nuages de fumée toxiques menaçants, le concept de développement durable n’a visiblement pas atteint la décharge de Mediouna, au sud de Casablanca. Collées à la décharge, de grandes mares nauséabondes qui bordent la route attirent en effet les mouettes, alors qu’à deux pas paissent des troupeaux de bovins! D’ailleurs, 20.000 têtes de bétail et 1.500 trieurs occupent la décharge quotidiennement.
Les autorités locales n’ont pas la volonté de prendre à bras le corps ce délicat problème environnemental et cela fait des années que cela dure. La décharge reçoit chaque jour près de 3.500 tonnes de déchets ménagers.
Pour une approche globale
La montagne de détritus atteint maintenant une hauteur de 50 m. La pluie fragilise l’ensemble, qui pourrait connaître un effondrement. Le biogaz dégagé par la fermentation de la matière organique peut provoquer des explosions. La nappe phréatique est contaminée dans un rayon de 15 km selon un spécialiste. Ces déchets sont gérés par la méthode classique de l’enfouissement. Devenue presque saturée, elle devrait être réhabilitée et fermée. La décharge de Médiouna a été ouverte en 1986 et devait être fermée en 2010, conformément aux clauses du contrat qui liait Ecomed, le délégataire, à la commune de Casablanca.
10 ans plus tard, la décharge est toujours là. Le niveau d’entassement actuel constitue un très grand risque. La montagne de déchets risque de s’effondrer. Les lixiviats non contenus ont souillé la nappe phréatique. Le biogaz contenu dans le tas de déchets présente un risque d’explosion. Ces nuisances, ce sont les citoyens aux alentours qui en subissent les conséquences. A 15 km de la décharge, les habitants de la Ville verte de Bouskoura sont nombreux à se plaindre des odeurs et des fumées toxiques dégagées par la décharge. Plusieurs habitants de ces luxueuses villas ont préféré s’en aller. Ceux qui restent se terrent chez eux mais continuent le combat.
D’ailleurs, il y a quelques mois, ils ont écrit une pétition à l’adresse de Abdelaziz Omari, maire de Casablanca, où ils font part de leur ras-le-bol et appellent à fermer la décharge de Médiouna. Pourtant, tant qu’il n’y aura pas de solution alternative, la décharge ne pourra pas être fermée. La société civile se mobilise également face à cet épineux problème. Des associations, au nombre de dix au total, plaident pour une gestion durable des déchets ménagers au niveau de Casablanca. Ces dernières sont contre les approches prônées jusque-là par les responsables de la ville, notamment en ce qui concerne la nouvelle décharge prévue à Mejjatia, censée remplacer celle de Médiouna. Pour les associations, la technique de l’incinération adoptée dans le projet provoque l’émission de polluants dangereux pour la santé des citoyens.
Pourtant, il existe deux techniques permettant la valorisation des déchets à hauteur de 85%, à en croire la société civile. La première est la valorisation thermique des déchets à travers une sorte de procédé de séchage biologique permettant in fine la production de biocarburant. La seconde technique est l’incinération, technique critiquée, dépassée et qui a même été abandonnée par l’Union européenne. Les acteurs d’associations écologiques plaident plutôt pour une approche globale, basée sur l’économie circulaire qui donne des alternatives à l’incinération totale et à la mise en décharge, sans empêcher la valorisation énergétique des déchets.