LE DÉVELOPPEMENT, UNE VISION DE RUPTURE

LE «MAGASIN D’IDÉES» DE LA COMMISSION BENMOUSSA POURRAIT SERVIR DE BASE À UN PROJET DE SOCIÉTÉ À CONSTRUIRE ENSEMBLE.

Les mutations actuellement en cours aussi bien dans notre région du Maghreb que dans le reste du monde offrent une occasion historique à notre pays de repenser en profondeur son modèle de développement politique mais également économique. Un modèle qui a atteint ses limites. Un modèle qui a permis à certains de s’enrichir mais qui a laissé de côté de larges parties de la population marocaine. De larges défis, comme l’éducation et la santé, restent à relever. Sans une vision claire, il serait difficile de mettre en oeuvre les réformes structurelles qui engageraient le Royaume autant dans la voie de la justice fiscale et du progrès social que de la diversification économique et du rééquilibre territorial. C’est ainsi, au-delà de leurs spécialités et qualités respectives, qu’on peut espérer attendre des membres de la commission Benmoussa d’engager une réflexion collective sur le développement de notre pays et d’ouvrir un espace d’échange où ils pourraient rassembler les théories, les grilles d’analyse et les confronter entre elles pour nous livrer dans une échéance prochaine les résultats de leur «magasin d’idées», comme disait Rousseau, qui pourrait servir de base à un projet de société à construire ensemble (à travers un débat contradictoire qui n’exclut personne) . Et pourquoi pas des pistes d’action?

Leur réflexion collective pourrait éventuellement nous aider à réexaminer nos priorités et nos valeurs. Elle nous permettrait de nous engager dans des réformes approfondies pour faire passer notre économie d’un modèle de «recherche de rente» - en vertu duquel certains opérateurs économiques cherchent à tirer profit de privilèges spéciaux conférés par les pouvoirs publics ou d’une situation de monopole- à un modèle dont le principe directeur est la création en développement de valeur économique et d’emplois.

Car, notre société n’a que trop souffert d’un manque de dynamisme, caractérisé par un chômage élevé et, malgré des tentatives de réformes, l’incapacité d’atteindre un taux de croissance par habitant équivalent à celui d’autres pays émergents et en développement. Notre économie n’a, aussi, que trop souffert d’un manque de compétitivité faute d’avoir préparé, notamment, notre système industriel à la mondialisation et à la révolution des technologies de l’information et de la communication.

D’où le fait de s’attaquer sans tarder aux problèmes structurels qui handicapent depuis longtemps le tissu industriel marocain. En améliorant le financement des entreprises et le soutien à l’innovation, bien sûr, mais aussi en corrigeant les défauts chroniques d’un système éducatif qui ne forme correctement qu’une minorité, au prix bien souvent de l’échec des autres, et en s’attaquant aux modes de management archaïques et autoritaires qui ne laissent pas de place aux salariés et à leurs représentants.

Mieux former les salariés, mieux financer les entreprises en réorientant l’épargne spéculative vers des usages productifs. De telles actions ne peuvent certes avoir d’effets qu’à long terme, mais raison de plus pour les engager sans tarder.

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