Chronique de Louay Kerdouss : Discrimination pas très positive

Louay Kerdouss Louay Kerdouss

Les femmes ont toujours été, à mes yeux, un symbole d’honnêteté et d’intégrité. Non pas dans le sens personnel ou humain, car à ce niveau-là, le sex ne peut être pris en compte comme critère de différenciation. Mais c’est surtout au niveau de la sphère publique et de la gestion des affaires des citoyens qu’elles inspirent confiance.

Vous aurez certainement compris l’essentiel de mon propos: difficile d’imaginer une femme corrompue, ou du moins plus corrompue qu’un homme occupant le même poste de responsabilité.

Certes, il ne s’agit pas là d’une vérité scientifique étayée par des preuves irréfutables, mais c’est du moins un impression plus ou moins générale chez un grand nombre de Marocains.

Néanmoins, tout en croyant dur comme fer que les femmes disposent d’une certaine immunité contre les tentations du pouvoir, j’ai toujours été perplexe devant l’idée de discrimination positive.

Celle-ci consiste, pour faire simple, à accorder aux femmes certains avantages pour leur permettre d’améliorer leur représentativité dans les institutions de l’Etat.

Loin des aspects juridiques ou philosophiques du concept, trop compliqués et sans intérêt à mon goût, le discrimination positive, dans sa version maroco-marocaine, m’a toujours paru absurde, frôlant même le ridicule des fois.

C’est comme si l’on soumettait deux élèves à une même épreuve, tout en apportant à l’un des deux plus de moyens et d’outils qui puissent l’aider à réussir ladite épreuve. Pire encore, l’élève favorisé, ayant pris goût à ces avantages, n’hésitera certainement pas à en demander plus.

D’ailleurs, ironiquement, ce comportement est parfaitement copié par nos députées bénéficiaires de cette discrimination positive. On parle même de lobbying mené, depuis mi-avril 2016, par ces femmes, qui exigent désormais au moins le tiers des sièges à la Chambre des représentants, soit 132 sur 395.

On ne peut que saluer cette envie de renforcer la présence des femmes, dans un parlement souvent décrié pour son impuissance, voire inutilité pour certains. Mais cela ne doit pas passer par la voie de la facilité et de la rente.

D’autant plus que les partisans de cette discrimination positive semblent vouloir aller plus loin dans leur revendication, et sombrer encore plus dans l’absurdité de ce concept. En effet, elles voudraient convaincre le ministère de l’Intérieur d’amender l’article 5 de la loi organique relative à la Chambre des représentants du 14 septembre 2011.

Concrètement, il s’agit d’un texte qui limite le mandat des élus de la liste nationale, à savoir les jeunes et surtout les femmes, à une seule élection. C’est ce point justement qui me conforte dans mes idées: certaines parties tendent à instrumentaliser la discrimination positive pour se trouver un bon coin au chaud dans l’hémicycle.

Il serait temps alors de rompre avec cette tendance à vouloir remplir les sièges du parlement de la sorte, juste pour passer pour un pays qui respecte ses femmes.

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