L'ÉCOLE EN MAL D'ESPRIT D'OUVERTURE

LE MAL-ÊTRE CARACTÉRISE LE FONCTIONNEMENT DE NOTRE ÉCOLE

Une école qui ne réveille pas le désir d’apprendre, une école qui ne cultive pas l’esprit critique, une école qui ne favorise pas la mixité sociale, une école qui n’enseigne pas l’éthique pour mieux vivre ensemble, est une école qui ne peut que reproduire les échecs et les abandons scolaires. Les réformes éducatives à répétition dans notre pays, qui n’ont pas su tenir compte de ces exigences, n’ont fait qu’entretenir l’illusion du changement. Pour favoriser la réussite scolaire, il n’y a d’autre alternative que de mettre en place des méthodes pédagogiques plus efficaces allant dans le sens de plus d’ouverture d’esprit, de plus d’exigence et de bienveillance. Tous les professionnels de l’éducation doivent être mobilisés non seulement pour aider nos jeunes, mais aussi les accompagner et les soutenir dans ce processus éducatif novateur.

Au lieu de tendre vers cet effort, nos décideurs n’ont eu de cesse de nous répéter à satiété que face au chômage persistant et aux difficultés d’insertion professionnelle des jeunes, il n’y a d’autre salut que de passer par une école qui forme chaque jeune à un métier. Sans se rendre compte qu’il est de plus en plus difficile, aujourd’hui, de prédire les métiers de demain et d’y former. La seule chose qu’on pourrait faire, ne serait-ce pas d’éviter de spécialiser les élèves trop tôt, en essayant d’élever leur niveau général, de développer leur autonomie, leur créativité et leurs compétences digitales? Certes, former des professionnels s’impose, plus que jamais, mais sans oublier de former des citoyens éclairés.

C’est pourquoi les enseignements dans nos écoles doivent être conçus de manière à sensibiliser chaque jeune aux enjeux citoyens tels que le développement durable ou la lutte contre toutes les formes de discrimination. Pour qu’elle soit un socle de la cohésion sociale et de vivre-ensemble, il est impératif que l’école garantisse la mixité au sein de ses établissements et de ses classes, et sous toutes ses formes évidemment (genre, niveau scolaire, origine sociale, inclusion des personnes en situation de handicap…).

L’école doit être, par ailleurs, au premier rang de la lutte contre les inégalités sociales et leur reproduction: elle doit garantir que la réussite scolaire de chaque élève n’est liée qu’à son mérite individuel, mais en aucune façon à des caractéristiques telles que son genre, son origine ou son environnement social. Utopique, diront certains. N’empêche, c’est à ce nouveau contrat social que nos politiques doivent s’attacher pour donner plus de chance à la concrétisation de ce nouveau modèle de développement tant souhaité, mais dont on n’arrive pas encore à délimiter les contours. Ceci n’empêche pas que l’école dont nous rêvons doit aussi permettre à nos enfants et adolescents dont elle a la charge de s’y épanouir, d’y développer leur personnalité sans être pressurés en permanence par l’enjeu de la réussite et de leur future insertion professionnelle.

Les jeunes Marocains ne se sentent pas bien ni dans leur école publique ni dans leur école privée, et le mal-être des adultes qui caractérise notre pays trouve vraisemblablement une grande partie de son explication dans le fonctionnement de notre école

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