ÉDUCATION: QUEL GÂCHIS!

Mustapha Sehimi

Un autre rapport donc, celui de la Cour des comptes présidée par Driss Jettou. Et après, quoi? Ici et là, il sera débattu, même lu à l’occasion par les plus motivés, et puis? Sera-t-il suivi de mesures opératoires? Il en sera bien sûr question mais quoi de bien concret et de durable? C’est que le doute ne peut qu’être de nouveau nourri. Dernièrement, l’on avait déjà eu droit à un autre rapport, celui du Conseil supérieur de l’Éducation, dirigé par Omar Azziman. Des recommandations avaient été formulées dans tous les domaines de ce secteur. Où en est leur application? Personne n’ose ou ne se résout à y faire vraiment référence.

Pourquoi? Parce que c’est le volontarisme politique qui fait largement défaut. Le diagnostic est connu depuis des lustres –on en a tant parlé lors d’audits locaux, de bureaux d’études étrangers ou encore d’institutions internationales (Banque mondiale, UNESCO, …). L’État des lieux? Un véritable sinistre: dysfonctionnements, délabrement des infrastructures, gestion inefficiente des ressources humaines, formation des enseignants, absence de vision prospective du développement du système éducatif et de compétences en management ….

Sans une profonde réforme, il est vain d’escompter des résultats probants. Le nouveau responsable de ce département, Mohamed Hassad, mesure certainement cette exigence. Il a pour lui une feuille de route, une mission même et l’appui royal –ce n’est pas négligeable… Sa méthode se veut pragmatique, secteur par secteur, dossier par dossier: programme de mise à niveau des établissements scolaires et des internats, autrement dit le cadre physique et infrastructurel; formules de recrutement contractuel pour faire face au déficit d’enseignants…

Cela dit, reste la question centrale du modèle éducatif tel qu’il a été défini par la Commission à l’horizon 2030. La particularité de ce secteur, c’est qu’il s’inscrit dans un temps long, pratiquement celui d’une génération, les réformes d’aujourd’hui sont censées articuler et formater l’école de demain et les millions d’élèves que l’on y dénombrera. Pas de démagogie ni de populisme, ni du côté des partis coutumiers d’un discours de “réforme” mais qui n’en assument pas le coût politique et électoral; ni de celui des syndicats, souvent corporatistes et même “conservateurs”; ni, enfin, des parents d’élèves, légitimement attachés à “mieux d’école” mais bien rétifs au changement. Sinon, ce sera encore l’échec, couplé à un discours incantatoire sans vertu pertinente ni efficiente

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