Pourquoi empêche-t-on les footballeurs musulmans de rompre le jeûne ?

EN FRANCE, LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE FOOTBALL CRÉÉ LA POLÉMIQUE


En Italie, un arrêt de jeu a permis à Sofyan Amrabat de rompre le jeûne.


Encore empêtrée dans la série de scandales d’harcèlement moral et sexuel liés à la présidence de Noël Le Graët, la Fédération française de football nourrit encore la polémique autour de l’autorisation de rupture du jeûne lors des matchs.

“Une datte, un verre d’eau : le cauchemar de la FFF !”. C’est le message brandi par le “Collectif Ultras Paris” dimanche soir 3 avril 2023 avant l’entame du match PSG-OL. Une manière de contester et de critiquer la décision-polémique prise par la Fédération Française de Football (FFF) de ne pas interrompre les rencontres pour permettre aux joueurs français de confession musulmane d’observer la rupture de jeûne.

Encore empêtrée dans la série de scandales d’harcèlement moral et sexuel liés à la présidence de Noël Le Graët, voilà que la Fédération se crée un problème sans issue en cette période de Ramadan. Soit elle prend le risque d’alimenter l’ire islamophobe de la clique Zemmour, soit elle refuse tout aménagement pour les joueurs musulmans qui pratiquent le jeûne. Or sans être taxée de ridicule, la Fédération française aurait pu choisir le juste milieu.

Incompréhension
Elle aurait pu autoriser les joueurs de confession musulmane de se retirer, à tour de rôle, pour une minute ou deux pour une rupture rapide du jeûne. La Commission fédérale des arbitres (CFA) de la Fédération française de football (FFF) avait décrété, fin mars, l’interdiction d’interrompre brièvement les matchs pour permettre aux joueurs de rompre leur jeûne pendant le ramadan. Dans un mail, l’instance a insisté auprès des arbitres sur le «principe de neutralité du football sur les lieux de pratique».

Dans son écrit, la fédération souligne que «ces interruptions ne respectent pas les dispositions des Statuts de la FFF». Ainsi, elle prévient que «toute personne contrevenant à ces dispositions fera l’objet de poursuites disciplinaires et/ou pénales», par principe d’interdiction de «tout discours ou affichage à caractère politique, idéologique, religieux ou syndical» au cours des rencontres.

Dans les championnats d’autres pays en Europe, cette interruption est autorisée. En Angleterre, en Premier League comme dans les divisions inférieures, les arbitres ont en effet la possibilité de permettre aux joueurs de rompre leur jeûne au cours des matchs, pendant des moments dits de «pause naturelle». En conférence de presse, l’attaquant international français Marcus Thuram qui évolue dans le championnat anglais a salué la décision de l’Angleterre d’instaurer une pause pendant les matchs pour permettre aux joueurs musulmans pratiquants de faire leur rupture du jeûne.

«Je pense qu’il faut être à l’écoute de tous les joueurs qui sont sur le terrain et de leur croyance (…) C’est un pas en avant, ce n’est que le début», a-t-il déclaré. Tout bien pensé, l’intransigeance de la Fédération française de football ne fait que créer de la zizanie et une incompréhension dans les rangs des joueurs français de confession musulmane.

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