L'entrepreneuriat au Maroc entre mythe et réalité

LE DÉPHASAGE ENTRE LE DISCOURS AMBIANT ET LA RÉALITÉ SAUTE AUX YEUX.

Le modèle économique qui a fonctionné jusqu’ici au Maroc porte non seulement la responsabilité de ne pas créer suffisamment d’emplois pour nos jeunes, mais surtout de ne pas leur permettre de passer à l’acte s’ils désirent entreprendre. Ainsi lorsqu’on aborde cette question de l’entrepreneuriat dans notre pays, le déphasage entre le discours ambiant et la réalité saute aux yeux. Certains nous disent que nous sommes un pays d’entrepreneurs, d’autres rétorquent que nous sommes moins un pays d’entrepreneurs qu’un pays de boutiquiers ou pire un pays de rentiers. Sans rentrer dans cette polémique, il est évident que l’esprit d’entreprise ne se crée pas par miracle.

L’entrepreneuriat ne se décrète pas et ce quelque soient les efforts accomplis par les pouvoirs publics pour encourager ce mouvement et en faire un vecteur de croissance économique, que ce soit au niveau de la législation ou des mécanismes d’aide et de financement. Cependant, et malgré tous les programmes lancés par les différents gouvernements, en partant de celui destiné aux «jeunes entrepreneurs» jusqu’à celui de «l’auto-entrepreneuriat» en passant par le programme «Moukawalati», force est de constater que le bilan est peu reluisant. Ainsi, selon une étude récente présentée lors de la tenue récemment de la deuxième université d’été de la CGEM, le pari de créer des emplois par le passage à l’entrepreneuriat s’est avéré «très difficile à gagner», quand on sait nous dit l’enquête que «sur un tiers de la population active qui se dit désireux d’entreprendre, seuls 7% passent à l’acte».

Et d’ajouter que beaucoup d’entrepreneurs exercent dans l’informel». Et ce n’est pas avec l’informel que l’on va créer un écosystème économique national moderne qui sera en mesure de faire face aux différentes variantes du capitalisme mondial actuel. Système où c’est l’innovation scientifique et technologique qui fait la différence. Est ce à dire que nous marocains manquant de toute créativité et de toute prise de risque. Bien sûr que non puisqu’il y a beaucoup d’hommes et de femmes qui ont réalisé leur rêve en se lançant dans l’aventure entrepreneuriale. Ils se sont battus, échoué une fois ou deux fois, mais ils ont eu la réussite au bout du parcours. Certes, un parcours de combattant, où les obstacles ne manquent pas. À commencer par celui d’une éducation inhibitrice de tout esprit d’initiative aussi bien en milieu familial que scolaire.

La société marocaine majoritairement conservatrice ne favorise pas tellement la prise de risque. Il n’y a qu’à voir nos étudiants fraîchement sortis de l’université qui n’ont d’autre horizon que de chercher un emploi qui soit surtout sûr et stable. Un emploi public de préférence. Il n’y a qu’à voir nos investisseurs qui n’ont de préférence que pour le profit à court terme. Les autres obstacles souvent évoqués lorsqu’on aborde cette question de l’entrepreneuriat vont des difficultés de financement bancaire, à l’inadaptation du code de travail, en passant par le foncier et la fiscalité. Autant d’obstacles qui peuvent être dépassés si on croit sincèrement aux potentialités de notre pays et si on reste optimiste pour son avenir.

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