ESCAPADE ROYALE

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C’est une rencontre  inattendue qu’Eli,  Marocain expatrié au  Canada, a faite le 14  avril 2017 dans la ville  de Miami Beach aux Etats-Unis, où il  était en vacances avec sa femme et  ses trois enfants: longeant la fameuse  plage de South Beach, il est rien de  moins tombé que sur le roi Mohammed  VI accompagné du prince héritier  Moulay El Hassan. “Mon Dieu, c’est  notre bien-aimé roi Mohammed VI”,  s’est-il écrié, d’après le témoignage  qu’il a livré au journal électronique Morocco  World News. Comme beaucoup  de Marocains de Miami Beach ou seulement  de passage dans la ville, Eli et  sa famille ont eu le privilège d’échanger  quelques mots avec le Roi.

Outre la désormais classique photo,  ils ont également eu droit à une royale  invitation à se rendre dans leur pays  d’origine. “Nous vous aimons tous”, a  confié Eli avoir déclaré au Souverain.  Cette phrase, c’est la même que Yassine,  un jeune Marocain installé dans  l’Etat de Floride où se trouve Miami  Beach a inscrite dans un gâteau qu’il  a offert au Roi, dont il a reconnu la  silhouette dans un restaurant. Lui  aussi a pu discuter avec le Souverain  et, comme on peut s’y attendre, à se  prendre en photo avec lui.

Repos mérité
De fait, chaque jour de nouvelles photos  du Roi à Miami Beach apparaissent  sur les réseaux sociaux depuis que le  Souverain y a atterri, le 13 avril 2017,  en provenance de Cuba, où il avait  passé six jours de vacances respectivement  dans la capitale du pays, La  Havane, et sur l’île de Cayo Santa  Maria. A cet égard, le séjour royal aux  Etats-Unis est très suivi par les Marocains.

Dans les bouches revient notamment l’expression de “repos mérité”: il faut  dire que le Roi n’a eu de cesse de  sillonner non seulement le Maroc, où  des projets, à n’en plus finir, ont été  inaugurés dans les quatre coins du  Royaume, mais également d’autres  pays notamment africains (une bonne  dizaine rien que depuis le mois d’octobre  2016!), au cours d’une année  chargée aussi bien diplomatiquement  que par son factuel riche et marquant.  A cet égard, on ne peut bien sûr éluder  le retour victorieux, en janvier 2017, à  l’Union africaine (UA), grâce principalement  à l’activisme royal auprès des  chefs d’Etat et de gouvernement africains:  beaucoup le considèrent d’ailleurs  désormais comme un ami et font  souvent entendre leur voix pour défendre  la cause du Maroc à l’international,  à commencer par le président  guinéen Alpha Condé, qui préside actuellement  l’Union africaine (UA) et qui  se trouvait d’ailleurs depuis le 13 avril  2017 au Royaume pour prendre part à  la neuvième édition des Assises nationales  de l’agriculture en tant qu’invité  d’honneur.



Dîner informel
Même des pays que l’on disait, hier  encore hostiles au Maroc et plus précisément  à son intégrité territoriale, à  l’instar du Nigeria, se prennent désormais  d’affection pour le Royaume et  concrétisent des projets de développement  communs avec lui. Derrière,  l’ombre de Mohammed VI plane immanquablement,  car c’est grâce à lui  que petit à petit, voire à pas de géant,  le Maroc est en train de remporter la  bataille internationale sanctionnant sa  récupération, dans la seconde moitié  des années 1970, de ses provinces  sahariennes anciennement colonisées  par l’Espagne.

L’Algérie, qui croyait avoir mis, pétrodollars  aidant, le monde à sa solde, s’en mord les doigts. A cet égard, on  ne peut faire l’impasse sur les gesticulations  des médias du voisin de  l’Est, qui s’en donnent à coeur joie ces  jours-ci du fait d’une prétendue annulation  d’un dîner informel que devait  tenir Mohammed VI avec le président  américain Donald Trump non loin de  ses lieux de vacances: une information  révélée par l’hebdomadaire français  Jeune Afrique mais qui est inexacte.  Comme quoi, quand on n’a rien à se  mettre sous la dent, on s’accroche à  ce qu’on peut...

Partenariat stratégique
Si Mohammed VI séduit autant aujourd’hui  au plan international, c’est  surtout, aussi, en raison de son engagement  sincère -il fallait entendre sa  voix chanceler dans son discours de  retour à l’UA, tellement l’émotion était  palpable- et qui a pris une mesure  beaucoup plus forte au fil des ans:  de son discours dans la ville d’Abidjan  en Côte d’Ivoire en 2014 faisant  écho au célèbre cri de guerre du roi  numide Massinissa “l’Afrique aux Africains”  en passant par son réquisitoire  sans précédent en avril 2016 dans la  capitale de l’Arabie saoudite, Riyad, à  l’encontre de l’impérialisme occidental,  il a rallié jusqu’à la Russie et la  Chine, deux membres permanents du  Conseil de sécurité de l’Organisation  des Nations unies (ONU) où il s’était  respectivement rendu en mars et mai  2016 et auxquels le Maroc est désormais  lié par des accords de partenariat  stratégique approfondi.

L’Institut Mandela, du nom de l’ancien  président et héros de la lutte anti-apartheid  sud-africain Nelson Mandela, ne  s’y est à cet égard pas trompé en lui  décernant son prestigieux prix de la  paix en décembre 2016.



Aussi, la ville de Marrakech avait accueilli,  en novembre 2016, la 22ème Conférence des parties de la Convention-  cadre de l’ONU sur les changements  climatiques “COP22”. L’événement,  qui devrait sans doute à l’avenir  marquer l’histoire de la lutte contre  les changements climatiques, n’aurait  sans doute pas connu la réussite  qui fut la sienne, de l’aveu de l’ONU  elle-même, si ce n’était l’implication  personnelle de Mohammed VI: pour  en rester au seul aspect logistique,  le Roi, voyant les retards s’accumuler  dans le chantier, avait fait limoger en  septembre 2016, à deux mois de la  conférence, le wali Abdeslam Bikrat,  en charge du pôle afférent.

On retrouve d’ailleurs là au passage  le souci royal pour les questions d’environnement,  qui sans Mohammed VI  n’auraient sans doute jamais pu figurer  dans l’agenda national. Quelque  temps auparavant, une source au Palais  royal nous confiait ainsi que le Roi  était lui-même à pied d’oeuvre pour  que le Maroc développe ses projets  d’énergie renouvelable, à l’instar de la centrale solaire Noor, dans la province  de Ouarzazate, la plus grande du  genre au monde et qui avait été inaugurée  par le Souverain début 2016.  On ne se hasarderait pas à pasticher  l’ancien roi de France Louis XIV en disant  que grosso modo, l’Etat c’est Mohammed  VI, mais c’est tout comme.  Car au milieu du marasme de la classe  politique actuelle et de l’absence de  leadership si ce n’est de rares personnalités  qu’on peut ne pas citer, le Roi  est à l’heure actuelle la seule valeur  sûre du pays.

L’illustration l’ultime et la meilleure,  c’est le blocage qui a empêché le  Maroc de disposer pendant plus de  six mois d’un gouvernement pour des  raisons ayant trait plus à des considérations  personnelles et à la guerre  des portefeuilles que des désaccords  au sujet du programme à adopter ou  de points précis intéressant in fine les  intérêts du Royaume.

Valeur sûre
On pourrait toujours accuser le fameux  “tahakkom”, c’est-à-dire la prétendue  mainmise de l’Administration sur le jeu  politique, mais ce serait se défiler face  à des fausses conjectures: le parti arrivé  premier aux élections législatives  d’octobre 2016, pour ne pas citer le  Parti de la justice et du développement  (PJD), ne disait-il pas disposer  de soutien populaire? Lequel, faut-il  le rappeler, est en principe censé renverser  toute mainmise, quelle que soit  son origine.

En cette fin de mois d’avril 2017, le  Maroc entame un nouveau virage périlleux,  avec la réunion du Conseil de  sécurité de l’ONU qui doit examiner la  prolongation ou pas de la mission onusienne  dans la région de la région du  Sahara “Minurso”.

Mohammed VI sera alors appelé à  prendre les commandes: il avait déjà  permis au Maroc, en avril 2016, d’enjamber  sans ambages le coup de poignard  de l’ancien secrétaire général de  l’organisation, Ban Ki-moon, qui avait  qualifié la présence du Royaume dans  ses provinces du Sud d’“occupation”.  D’ici là, il n’aura sans doute pas volé  son escapade américano-cubaine.

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