Feux de forêt au Maroc

Une malveillance criminelle

Comme chaque été au Maroc, des milliers d’hectares de forêt partent en fumée, notamment à cause du facteur humain.

Il n’y a pas que la forêt amazonienne qui est ravagée par le feu. Cet été 2019, le Maroc subit également de plein fouet ces incendies dévastateurs. Durant les trois derniers mois, plusieurs foyers se sont déclarés notamment dans la région de Driouch où 500 ha ont été consumés par le feu en trois jours. Ce fut le cas également pour la forêt d’Ourika (région d’El Haouz) et celle d’Ain Lahcen (région de Tétouan) où 40 ha de forêt sont partis en fumée sans parler de la destruction de 1.000 espèces d’arbres à Errachidia. Une très mauvaise nouvelle pour notre pays vu le faible taux de boisement et le rôle majeur joué par les forêts et les difficultés de leur reconstitution et régénération dans le contexte socioéconomique et environnemental national.

Cependant, notre pays demeure chanceux car le nombre d’incendies enregistrés est minime par rapport à l’année dernière et aux moyennes des superficies incendiées dans d’autres pays, notamment du pourtour méditerranéen, à conditions similaires. Les statistiques émanant du Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) ont indiqué qu’au cours des six premiers mois de l’année en cours, 127 incendies ont eu lieu détruisant 201 ha et les superficies brûlées dans ce laps de temps ont baissé de 60%, en comparaison avec les dix années précédentes. Abdeladim Lhafi, Haut-commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification a indiqué, de son côté, lors d’un point de presse en avril dernier, que le Royaume se trouve en bonne position par rapport aux pays du bassin méditerranéen, en termes de superficies moyennes incendiées, puisque cette moyenne dépasse les 16ha/incendie. Il a précisé, en outre, que le nombre d’incendies a progressé de 20% par rapport à la moyenne des dix dernières années et que les superficies incendiées sont majoritairement constituées (62%) de strates herbacées et d’essences secondaires.

Espaces boisés
Selon un article intitulé «Cartographie du risque d’incendies de forêt dans la région de Chefchaouen-Ouezzane (Maroc)», au cours des 50 dernières années (1960- 2009), près de 12.912 incendies ont endommagé 149.292 ha de forêts, soit une moyenne de 2.986 ha par an, avec un maximum en 1983 (11.289 ha) et un minimum en 2002 (593 ha). Cette superficie moyenne annuelle représente 0,05 % de la surface totale boisée du pays.

Il est indiqué aussi que le nombre des incendies et les superficies incendiées en forêts marocaines sont jugés relativement élevés, eu égard au taux de boisement très faible du pays (8%), à l’aridité du climat et aux contraintes rendant extrêmement difficile la reconstitution des espaces boisés (reboisement, régénération).

Concernant les causes responsables du déclenchement de ces incendies, le facteur humain se trouve en bonne place, notamment dans le cas des forêts situées au Nord du Maroc. Plusieurs rapports et enquêtes des services compétents ont montré que la majorité des causes sont d’origine humaine et peuvent généralement être dues à la malveillance (carbonisation et utilisation non contrôlée des feux par la population, bergers, apiculteurs et passagers).

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