Fin de printemps aux airs de scandales au PJD

HUMAIN, TROP HUMAIN !

Au moment où nous mettions sous presse, les réseaux sociaux marocains s’en donnaient à coeur joie quant aux deux scandales «moraux», si l’on peut dire, ayant éclaboussé en ce début de mois de juin 2019 le Parti de la justice et du développement (PJD).

Le premier, qui a fait couler le plus d’encre, est bien évidemment celui du député Noureddine Kchibel, pris en flagrant délit de triche à l’examen du baccalauréat. En effet, ce n’est ni un ni deux, mais trois téléphones portables que les surveillants de l’épreuve de français ont trouvé sur lui au moment où il passait cette dernière, alors que l’usage des téléphones est strictement interdit et que tous les candidats se sont engagés par écrit, préalablement aux examens, à ne pas apporter les leurs le jour-J. Sommé de se justifier par les médias et par son parti, qui au passage l’a interdit de passer l’examen du baccalauréat pendant deux ans, M. Kchibel a plaidé «l’oubli», et c’est peut-être vrai. En tout cas, le parquet de Rabat s’est saisi de l’affaire et l’intéressé risque gros: au titre de la loi n°02-13 relative à la répression de la fraude aux examens scolaires, il pourrait se retrouver pendant cinq ans en prison, en plus d’une amende pouvant atteindre 100.000 dirhams.

Le second scandale, un peu plus trivial celui-là car relevant, en dernière analyse, de la vie privée du principal concerné, est celui du vice-président PJD du conseil de la ville de Salé, Hicham El Hassani, dont une vidéo circule alors qu’il s’adonne devant sa webcam à ce que la presse arabophone appelle pudiquement «l’habitude secrète », c’est-à-dire l’acte masturbatoire. Beaucoup de zones d’ombre entourent encore son affaire, qui reste pour l’heure entre les mains de la police, mais il ressort des indiscrétions de certains médias ainsi que des propres publications de l’élu islamiste sur le réseau social Facebook, dont il semble friand, que ce dernier aurait été victime d’une tentative de sextorsion, avec l’obligation de débourser 120.000 dirhams à une bande criminelle en contrepartie de la non-publication de la vidéo «l’incriminant». En effet, celle-ci aurait été filmée après que la bande criminelle en question ait fait croire à M. El Hassani qu’il s’adressait à une personne du sexe opposé, ce qui n’aurait été qu’un piège.

Que nous apprennent ces deux affaires? Rien, en somme, si ce n’est que partout l’on trouve des gens pouvant avoir leurs moments de faiblesse, et c’est justement cela qui semble le plus provoquer de réactions chez les internautes. Car depuis son apparition dans le paysage politique à la fin des années 1990, le PJD aime à se présenter comme un parangon de vertu, et dès lors que quelqu’un s’écarte de la morale qu’il prétend incarner, il se voit voué aux gémonies et aux promesses de feu éternel dans l’au-delà. Mais une telle posture est-elle seulement humainement soutenable? Pas tellement, en tout cas, dans le cas de MM. Kchibel et El Hassani

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