La folle épopée de l’aviation civile au Maroc

L'AÉROPOSTALE CÉLÈBRE SON CENTENAIRE

Ce début de l’année 2019 marque le centenaire de l’Aéropostale. Mais qu’en est-il du Maroc dans cette grande épopée du début du 20ème siècle?

L’Histoire témoigne que l’acte fondateur de ce qui deviendra par la suite l’Aérospatiale a été signé en mars 1919 à Rabat. Pour fêter cet événement, l’Aéroclub Royal de Rabat (ACRR) a décidé de s’investir pleinement dans cette commémoration de ce centenaire. «Nous ne pouvions nous soustraire de notre rôle, avant tout de citoyens marocains ou de gens aimant ce pays, pour donner une dimension et une présence du Maroc dans cette page de l’histoire de l’aéronautique alors balbutiante et de celle de l’aviation commerciale », s’enthousiasme Hicham Meftah, secrétaire général de l’Aéroclub Royal de Rabat (ACRR).

Et le Maroc sera le point central des différentes actions mises en place par le ACRR. En effet, sans la signature de cet acte entre le Résident général de France et le Sultan Moulay Youssef, alors que le Maroc était à cette époque au début de sa période du protectorat, la liaison intercontinentale entre Toulouse, en France, et Dakar, au Sénégal, n’aurait pas été possible à cette époque-là. «Moulay Youssef est un visionnaire qui a cru dans l’outil de l’aviation et dans sa vocation de rapprochement des peuples», nous explique Abdelkrim Hachadi, membre de l’ACRR et membre du comité de pilotage de cette commémoration.

Au carrefour des civilisations
Le Maroc a été le catalyseur de l’idée de Pierre-Georges Latécoère d’ouvrir une ligne pour distribuer le courrier sur l’ensemble du continent africain et, plus tard, vers l’Amérique du Sud. Par son vaste territoire, il a été le théâtre de son développement. Avec une adhésion affirmée à des idéaux de progrès, incarnés par le Sultan Moulay Youssef, qui, en permettant le survol de l’intégralité du Royaume et en assurant la protection des aéronefs et des aviateurs depuis sa porte d’entrée à Tanger jusqu’aux confins du Sahara, a permis au Maroc d’avoir une place de choix dans l’histoire de l’Aéropostale et le développement de l’aéronautique. Par sa position historique de carrefour des civilisations, et par cette extraordinaire aventure humaine pour rapprocher les peuples, incarnée par l’humanisme d’Antoine de Saint-Exupéry, le Maroc a vu naître dans son Sahara le deuxième livre le plus lu dans le monde, Le Petit Prince, mais aussi Terre des hommes, Vol de nuit, Vent de sable. «Cette idée de mettre le Maroc au coeur de cet événement nous a ravis et nous a permis de faire adhérer de nombreuses personnes et personnalités, marocaines et françaises, à ce projet», nous explique Hicham Meftah. Un commissariat scientifique, culturel et historique a même été créé pour l’occasion avec 14 membres, dont le capitaine Ali Najab, rescapé des camps de Tindouf.

Événements culturels et sportifs
L’Aéroclub Royal de Rabat et ses membres ainsi que l’Association Nationale de l’Histoire de l’Aéronautique Marocaine (ANHAM) ont endossé le devoir d’organiser et d’animer, tout au long de l’année, cette commémoration au travers d’un certain nombre d’événements culturels et sportifs. «Dès le mois d’avril, nous allons organiser une grande conférence dans les installations de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, où la presse pourra suivre des présentations et des débats très intéressants sur le sujet», nous annonce Hicham Miftah. Les actions de l’ACRR ne s’arrêtent pas là puisqu’en septembre, il est prévu d’organiser une une exposition dans laquelle sera mis en lumière le rôle du Maroc dans le développement de l’Aéropostale.

«C’est un travail d’archiviste complexe car nous avons tous un travail à côté. Cependant, nous avons réussi à mettre la main sur des documents précieux comme des cartes, des photos et des vidéos d’époque que nous proposerons au public», se réjouit Hicham Miftah. Et puis, toujours au mois de septembre 2019, l’Aéroclub Royal de Rabat ambitionne d’organiser un rallye aérien entre Toulouse et Dakar avec des équipages marocains, dont les avions seraient immatriculés CN, soit le matricule officiel du Maroc. «Nous allons atterrir à Tarfaya mais également à Dakhla», nous explique M. Meftah, qui insiste sur le fait que cet événement sera organisé par des Marocains, ce qui constitue une première. Après une année 2019 très riche en événements, les membres de l’ACRR se sont donné pour mot d’ordre de réaliser une restitution de cette belle aventure. «L’idée est de faire prendre conscience collectivement que tout le monde doit s’emparer de cette dimension et de dire que chaque année, nous devons créer un événement annuel dans le domaine», s’enthousiasme Hicham Meftah.

Au travers de ce petit groupe de passionnés, le Maroc revendique donc sa position de dépositaire d’une partie de cette histoire de l’aviation. Il est, au même titre que la France, un acteur majeur dans le développement et dans la banalisation des liaisons intercontinentales aériennes. L’historien de l’aéronautique au Maroc et instructeur avion Brahim Tahiri, s’il met souvent l’accent dans ses conférences sur cette signature de l’acte fondateur de l’Aéropostale, signé à Rabat en mars 1919, n’oublie pas également de rappeler la présence du Maroc dans l’aéronautique et l’espace au niveau international. En effet, le Maroc a également connu et continue de connaître des épisodes inédits dans l’histoire de l’air mondial tel l’atterrissage du premier vol en ballon le plus long entre les Etats-Unis et l’Afrique en 1992, le terrain d’essais de vol de l’avion Concorde, la visite des premiers hommes à avoir marché sur la lune, l’escale à Rabat de Solar Impulse.

Plus récemment, le plan d’accélération industrielle aéronautique insufflé par le Roi Mohammed VI s’inscrit dans la même lignée audacieuse et visionnaire rendue possible techniquement par Pierre- Georges Latécoère. La mise en orbite des satellites Mohammed VI A et B vient propulser notre pays dans la cour des grands dans les technologies de l’espace. C’est donc tout naturellement que le Maroc en 2019 se doit de célébrer ce siècle en affirmant sa place dans la famille mondiale de l’aéronautique et en célébrant dignement l’Aéropostale sur son territoire.

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