Depuis quelques années, la greffe de cheveux est devenue une industrie en plein essor au Maroc, mais reste tout de même loin de la Turquie.
La calvitie, qui touche un homme sur 4 au cours de la vie et un sur 3 après 65 ans –mais aussi 3% des femmes âgées de 65 ans et plus-, est fréquemment ressentie comme une atteinte à l’intégrité et à l’image de soi. Alors que les nombreuses pistes poursuivies par la recherche pour régénérer les follicules pileux manquants ou mourants ne sont pas parvenues, à ce jour, à en générer en nombre suffisant, le traitement de référence reste la micro-greffe de cheveux.
Restauration capillaire
Un traitement qui a fait ses preuves mais encore faut-il opter pour le «bon» chirurgien et la bonne technique. «La greffe ou «implant» capillaire suscite de plus en plus l’engouement des jeunes et moins jeunes», observe le Docteur Mohamed Alami, l’un des deux seuls spécialistes de la restauration capillaire à Casablanca.
Diplômé en chirurgie restauratrice de la calvitie de l’Université française Claude Bernard, à Lyon, le docteur pratique la greffe capillaire depuis huit ans. La greffe capillaire apporte une solution au «problème » de l’alopécie plus connue sous le nom de calvitie.
La forme la plus répandue d’alopécie est l’androgénétique, déterminée par l’hérédité. Elle touche principalement les hommes, soit 30% des plus de 30 ans et 50% des plus de 50 ans. Il s’agit d’un processus progressif. Elle commence vers l’âge de 25 ans et évolue petit à petit jusqu’à provoquer vers 30 ans un vide définitivement installé au niveau du crâne. «C’est à ce moment-là que la greffe capillaire devient un outil adapté à cette problématique», explique Dr Alami. Parmi les conditions requises pour une greffe, la chute de cheveux doit être stable et ne pas évoluer dans le temps, et la personne ne doit pas présenter de contre-indications de type maladies cardiaques, respiratoires ou problèmes sanguins.
Si la perte de cheveux peut être difficile à vivre pour un homme, elle l’est d’autant plus pour une femme dont la chevelure a toujours été symbole de féminité et de sensualité dans plus d’une culture. 30% des cas traités par Dr Alami sont des femmes. A partir d’un certain âge, la ménopause entraîne un déséquilibre hormonal pouvant entraîner une perte significative de sa chevelure. Contrairement à l’homme, la femme ne perdra pas la totalité de son capital capillaire, il restera toujours un petit duvet.
Une nouvelle technique
La technique de la bandelette (FUT), qui consistait à prélever une bande de cuir chevelu pour en extraire les greffons nécessaires, laisse une cicatrice dans la nuque. On peut aujourd’hui la masquer par une autre petite intervention. «Mais elle diminue aussi le nombre de greffons potentiels si une deuxième greffe est un jour souhaitée», explique le Dr Alami. Quand on commence jeune, elle est souvent nécessaire dix ans plus tard si on veut conserver le même résultat. Le centre et son médecin utilisent pour la greffe une nouvelle technique dite FUE (Follicular Unit Extraction). Les follicules sont prélevés un à un dans une zone ne présentant pas de calvitie pour être ensuite réimplantés.
«Cela prend un peu plus de temps que d’autres méthodes, mais donnera un meilleur résultat. Vous n’aurez pas de larges cicatrices à l’arrière du crâne et les micro-perforations guérissent rapidement par elles-mêmes», se réjouit le Docteur Mohamed Alami.
Un acte médical
La dernière, la FUE sans rasage, est encore plus développée, ne nécessite aucun rasage et permet de réimplanter des cheveux longs. Une seule séance de travail est nécessaire sauf pour les grandes zones pour lesquelles sont pratiquées des méga-séances ne dépassant pas une durée de 6h, sous anesthésie locale. 99% des cas greffés sont une réussite.
Le résultat d’une greffe capillaire est obtenu au bout de 12 mois (parfois 7 mois) et la densification finale au bout de 18 mois. Tout au long de cette période, le patient nécessite un suivi régulier par son médecin, «chose qui ne se fait que trop rarement dans d’autres pays, notamment en Turquie», met en garde le médecin. Au Maroc, ce sont des médecins qui pratiquent cet acte répondant aux obligations internationales. «Ailleurs, on voit que ce sont des techniciens qui font cet acte pour des résultats nettement moins qualitatifs», déplore le médecin.
Pratiquer la greffe capillaire nécessite un diplôme universitaire pour des médecins. Cela nécessite aussi beaucoup de pratique et de suivi dans l’évolution des méthodes en participant à des congrès et séminaires. En moyenne une greffe complète de la chevelure coûte entre 10.000 et 25.000 dirhams selon le nombre de greffons à implanter.
Tourisme médical
Si les cliniques marocaines arrivent à attirer de plus en plus de clients grâce à des prix en baisse, les hommes atteints de calvitie ont tout de même une préférence pour la Turquie, pays réputé pour son grand savoir-faire en matière de réimplantation capillaire. Chaque année, ils sont plus de 100.000 à faire le choix de s’y rendre pour un séjour médical. La raison est simple, les tarifs pratiqués y sont largement inférieurs aux autres pays, même au Maroc.
Des entreprises proposent des forfaits comprenant comprenant les traitements, le logement dans un hôtel luxueux, un chauffeur, et un interprète sur place afin d’attirer un maximum de touristes étrangers. Seul le billet d’avion n’est pas compris dans le pack. «Beaucoup partent en Turquie, devenue le lowcost de l’implant alors que le faire au Maroc n’est pas plus cher si l’on prend en compte les dépenses de voyages ainsi que les risques éventuels», regrette le Dr Alami. Malheureusement, l’écosystème du tourisme médical marocain est encore peu valorisé et ne permet pas d’attirer autant de touristes qu’en Turquie.
Pourtant, compte tenu des atouts et des compétences dont dispose le Maroc dans le domaine et sa réputation à l’étranger, le tourisme médical peut être une source de revenus et de création d’emplois à la fois dans les secteurs de la santé et du tourisme.