Guterres à la recherche d'un nouvel envoyé personnel

SAHARA MAROCAIN

Le candidat doit pouvoir avoir l’agrément des quatre parties pour pouvoir assurer sa mission dans des conditions conséquentes.

Le lundi 23 septembre 2019, s’ouvre la nouvelle session annuelle de l’Assemblée générale des Nations Unies, au siège de l’organisation mondiale à New York. A la fin octobre, le Conseil de sécurité doit reprendre le dossier du Sahara marocain et l’inscrire à son ordre du jour. Tel est le calendrier qui intéresse au premier chef la question nationale.

Où en est-on? En l’état, le secrétaire général de l’ONU doit désigner un nouvel envoyé personnel après la démission pour «raisons de santé» de Horst Köhler, le 22 mai 2019, après un mandat de seize mois- il avait été nommé le 16 mai 2017.

Pareille vacance pose un certain nombre de problèmes qu’Antonio Guterres doit surmonter et régler désormais dans un délai serré, contraignant, sur lequel il n’a pas la main. Il y a déjà le fait que la troisième table ronde prévue au début de l’été n’a pas pu se tenir comme prévu. Après les deux premières rencontres en Suisse, en décembre 2018 puis en mars 2019, un nouveau rendez-vous avait été annoncé pour le début de l’été. Le format était de quatre parties, le Maroc et l’Algérie ainsi que la Mauritanie et le mouvement séparatiste. De même, l’exposé que devait faire devant la haute instance onusienne Antonio Guterres sur l’état d’avancement des négociations à la fin juillet 2019, trois mois donc avant la fin du mandat de la MINURSO le 31 octobre 2019.

Les supputations se multiplient quant à la qualité du successeur de Horst Köhler. Contrairement à ce qui a été rapporté par divers sites électroniques, rien de bien probant n’a encore été arrêté. S’il est vrai que le secrétariat général de l’ONU planche sur des profils à identifier, les critères devant être réunis sont de divers ordres: une visibilité internationale minimale, une crédibilité personnelle, une expérience internationale reconnue, le sens du compromis aussi. Cela ne suffit pas pour autant.

Une option problématique
Le candidat doit pouvoir avoir l’agrément des quatre parties pour pouvoir assurer sa mission dans des conditions conséquentes. En principe, le Conseil de sécurité n’est pas formellement associé à cette procédure de sélection et de validation du futur envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU -il en est informé seulement par une note d’information. Mais il est bien évident que des contacts informels sont noués pour conduire au choix d’un profil recevable et acceptable pour tous.

Le principe de la rotation géographique va-t-il de nouveau jouer pour la désignation d’un nouvel émissaire onusien? Depuis une vingtaine d’années, quatre envoyés personnels du secrétaire général de l’ONU se sont ainsi succédé: deux Américains (James Baker de mars 1997 à juin 2004, et Christopher Ross de janvier 2009 à mars 2017) et deux Européens (le Néerlandais Peter van Walsum de juillet 2005 à août 2008, et l’Allemand Horst Köhler d’août 2017 à mai 20I7). Le choix qui sera fait dans les prochaines semaines s’inscrira-t-il dans ce même sens? Ce n’est pas à exclure. Mais une dérogation est-elle à écarter? L’idée d’un Africain a été avancée, ici et là. Mais qui? Une option problématique parce que, d’une certaine manière, ce serait pratiquement l’interférence d’un officiel du continent dans un dossier qui, lui, est de la seule compétence du Conseil de sécurité de l’ONU.

L’UA a en effet décidé, lors de son 31ème sommet à Nouakchott, début juillet 2018, la mise sur pied d’une «troïka» formée du président sortant, du président en exercice et du prochain président. Aujourd’hui, elle est composée des présidents égyptien Abdelfattah Sissi, ruandais Paul Kagame et sud-africain Cyril Ramaphosa. Elle avait tenu une première réunion informelle au sommet de l’UA à Addis-Abeba, en février 2019. Mais celle qui avait été programmée le 9 juillet, à Niamey, lors du sommet extraordinaire, a été annulée et reportée à une date ultérieure...

Des acquis qui s’imposent
En tout état de cause, ce mécanisme n’a qu’un rôle d’appui et de soutien au processus de règlement du différend relatif au Sahara marocain dont est saisi à titre exclusif le Conseil de sécurité. Il faut relever à cet égard que ni l’UA ni le Conseil de paix et de sécurité (CPS) n’ont fait référence pour la première fois à la question nationale. L’état du dossier présente désormais des acquis qui s’imposent à toutes les parties. La résolution 2468 du Conseil de sécurité du 30 avril 2019 marque en effet une évolution substantielle, qualitative, avec la mention pas moins de cinq fois de l’Algérie.

La voie de la normalisation
Elle demande l’implication forte, continue et constructive du pays voisin pour mettre fin à ce différend régional. Elle contient des éléments structurants pour le processus politique; elle précise aussi les paramètres de la solution définitive sur la base d’une «politique réaliste, pragmatique et durable, basée sur le compromis »; elle conforte et consolide les acquis du Maroc dans les précédentes résolutions, notamment la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie du 11 avril 2007 ainsi que l’impératif du recensement de la population des camps de Tindouf en Algérie.

Le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU va pratiquement prendre place dans un train en marche. Il doit prendre en compte les décisions du Conseil de sécurité, et les principes négociatoires qui les déclinent, ainsi que le processus à réactiver. Il devra également soit relancer la formule de la table ronde quadripartite de Horst Köhler soit proposer une méthode différente de rencontres et de négociations.

Il y a bien un cap, une feuille de route à suivre. Reste un processus à relancer pour appréhender enfin le fond de ce différend sur la base d’une solution politique réaliste, de compromis écartant les chimères et ouvrant enfin des perspectives tant à la normalisation des relations avec l’Algérie qu’à la voie de l’édification maghrébine.

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