La Faculté des lettres relevant de l’Université internationale de Rabat s’est installée dans une dynamique novatrice qui fait sa particularité, à savoir éditer des livres de bonne facture sur les plans contenu et forme. Normal, surtout lorsque l’on entend parler le doyen de la faculté, Mustapha Bencheikh. A chaque fois, c’est le même enthousiasme, le même engagement de produire encore plus et la volonté d’inciter les Marocains à lire davantage et à s’intéresser au monde des livres.
«Les infortunes de l’identité culturelle» est le titre du livre collectif paru dans les publications de l’Université internationale de Rabat, fin 2015. Il s’agit d’un ensemble de textes produits par une trentaine d’écrivains, de journalistes, d’universitaires et de doctorants marocains et étrangers, et qui sont réunis par Mustapha Bencheikh. Ces textes sont répartis en quatre thèmes: «L’identification et construction identitaire»; «Identités métissées, identités déplacées»; «L’identité culturelle à la question» et, enfin, «L’identité sans carte de l’écrivain ».
Image brisée
Difficile de présenter les diverses contributions publiées dans ce livre de 325 pages. Mais l’objet général a été résumé dans la préface signée par M. Bencheikh. Il écrit notamment: «Que faire aujourd’hui de l’identité culturelle? Où placer le curseur? Comment penser ce concept à la fois come une individuation inévitable et une rencontre nécessaire? Les religions, les langues, les traditions qui nous rassemblent et nous divisent nous offrent un champ d’investigation inépuisable. L’idée même du vivre-ensemble signe une double reconnaissance.»
Pour lui, ce livre ne peut apporter que de novelles questions et ne prétend en aucune manière à l’exhaustivité. Elle serait bien chimérique tant le terrain est parsemé d’embûches, mais c’est bien là sa qualité première que de rouvrir un débat au moment où des mers et des murailles mortifères nous renvoient en miroir chaque jour l’image brisée de nos identités embarrassées et de notre humanité perdue.
La dernière de couverture reproduit un joli texte de feu Abdelkéir Khatibi tiré de son essai «L’intellectuel et le mondialisme ». Un texte bien ciselé dont seul le défunt sociologue avait le secret. «J’appartiens à un pays magnifique qui est marginal. Il est de force vive. Je lui dois ma naissance, mon nom, mon identité initiale. Je lui dois mon histoire, sauf le récit de ma liberté d’esprit, celle d’avoir à inventer un espace et une relation de dialogue avec n’importe quel être venant vers moi.
Je me modifie au contact de l’étranger qui me veut du bien, grâce au discernement et à la clarté d’esprit (…) Mondialiste et altermondialiste à la fois, je migre dans cette constellation d’affinités actives avec les scientifiques, les penseurs et les artistes. En tout cas, je fais mon travail, c’est-à-dire la transfiguration de mon expérience en un chemin initiatique.».