Les islamistes crient encore au tahakkom

L'intérieur interdit des activités du PJD

Le PJD accuse l’Intérieur d’interdire “sans justification” certaines de ses activités. A deux ans des prochaines législatives, le parti islamiste semble d’ores et déjà en campagne.

Visiblement, les partis politiques n’attendront pas 2021, date prévue des prochaines législatives, pour commencer leur campagne. En tout cas, le Parti de la justice et du développement (PJD) met, lui, déjà le pied à l’étrier. Ces dernières semaines, plusieurs dirigeants du parti islamiste sont montés au créneau pour dénoncer l’interdiction dont le ministère de l’Intérieur frapperait certaines activités de leur formation. Dernier en date, Mohamed Amakraz, secrétaire national de la Jeunesse de la justice et du développement (JJD), la section jeunesse du PJD.

Sur sa page Facebook, suivie par quelque 2.000 personnes, l’intéressé a accusé, le 25 mai 2019, «les autorités locales dans plusieurs régions du Royaume» d’avoir mis fin, «sans justification», à des événements que son organisation devait tenir à Inezgane et Beni Hilal, dans la province de Sidi Bennour. Et de dénoncer des «clowneries désespérées » insuffisantes toutefois, poursuit-il, pour empêcher les siens de «poursuivre le chemin ». «Nous ne pouvons garder le silence sur ces ignobles abus portant atteinte à un droit humain fondamental,» fustige-t-il.

Cette sortie d’un responsable du PJD contre «les autorités locales» et, plus explicitement parlant, contre le ministère de l’Intérieur n’est, comme on l’a dit, pas isolée, puisqu’avant M. Amakraz, d’autres leaders du parti avaient élevé la voix suite à des actions similaires de la part du département de Abdelouafi Laftif. Le secrétariat provincial du PJD à Guercif avaient ainsi pris à parti, le 15 avril 2019, le caïd de la commune de Lamrija, située dans la même province, deux jours après que ce dernier ait fait interdire un congrès qu’il voulait y organiser. Il avait, dans un communiqué, qualifié la décision d’«infondée». Ce qu’il n’avait toutefois pas précisé, c’est qu’il voulait que le congrès en question se déroulât dans la salle de réunion de la commune de Lamrija, ce qui aurait donné l’impression d’une connivence entre les autorités locales et le PJD.

Complot de l’administration
Et c’est, justement, pour bien signifier la neutralité des représentants locaux du ministère de l’Intérieur qu’il fut, au final, décidé de ne pas laisser l’accès à la commune de Lamrija pour le congrès. Il en est de même, selon diverses sources jointes par Maroc Hebdo, en ce qui s’agit des deux manifestations que la JJD voulait tenir à Inezgane et Beni Hilal, et qui auraient ouvert la voie à tous les excès de la part des autres partis, alors que le scrutin électoral approche à grand pas. Cette victimisation du PJD n’est, ceci étant, pas sans rappeler son discours d’avant les législatives du 7 octobre 2016, lorsque le parti et son secrétaire général de l’époque, Abdelilah Benkirane, criaient à hue et à dia à un prétendu complot de l’administration à leur égard.

Un terme, le tahakkom (la mainmise, en arabe), fut même inventé à cet effet. Le ministre de l’Intérieur d’alors, Mohamed Hassad, ne manquera pas, à cet égard, de tancer le PJD au moment d’annoncer les résultats, qui avaient reconduit le parti à la première place à la Chambre des représentants.

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