Bien qu’étant d’origine marocaine, le jeune Mohamed-Amine Ihattaren représentera finalement les Pays-Bas à l’international. Presque logique.
Même l’insistance du président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaâ, n’y aura rien fait. Finalement, c’est la sélection de son pays de naissance, à savoir les Pays-Bas, que le prodige du football Mohamed-Amine Ihattaren a choisi de représenter. Le concerné en a fait l’annonce officielle le 3 novembre sur les réseaux sociaux, en publiant deux photos, dont l’une avec le sélectionneur néerlandais Ronald Koeman, où il arbore le maillot national “oranje”, ponctuées d’un laconique “J’ai décidé, je suis Néerlandais à partir d’aujourd’hui”.
Le même jour, la Fédération royale néerlandaise de football (KNVB) confirmait l’information sur son site web et y ajoutait des déclarations d’Ihattaren revenant plus en détail sur ses motivations. “J'y ai longuement réfléchi, j'ai aussi beaucoup consulté ma famille,” a-t-il expliqué. Quand on sait le talent du joueur du PSV Eindhoven, en championnat des Pays-Bas, la perte est évidemment grande pour la sélection marocaine puisque d’aucuns, dans les médias et dans le monde du football professionnel néerlandais, n’hésitent pas à le comparer à Johan Cruyff, la légende des Oranjes dans les années 1960 et 1970. Comme lui, Ihattaren ne devrait d’ailleurs pas faire de vieux os au pays des tulipes puisqu’on l’annonce d’ores et déjà sur les tablettes des plus grands clubs européens et ce, même s’il n’a pas encore atteint l’âge de la majorité -il ne fêtera ses 18 ans que le 12 février prochain. Depuis ses débuts en championnat le 26 janvier dernier face au FC Groningen, il a dépassé le cap des dix titularisations et a même inscrit, le 18 août face au Heracles Almelo, son premier but professionnel. Ajouté à cela, il a également permis à cinq reprises à ses partenaires de scorer, dont deux fois son partenaire d’attaque Donyell Malen, l’actuel meilleur artificier des Pays-Bas.
L’ombre au tableau
Normal que la FRMF et la KNVB se soient presque crêpé les chignons pour lui. M. Lekjaâ avait même personnellement pris part, le 10 octobre, aux funérailles du père d’Ihattaren dans la ville d’Al-Hoceima, d’où la famille est originaire, après avoir diligenté quelques jours plus tôt les anciens internationaux Aziz Bouderbala et Nourredine Naybet ainsi que le secrétaire général de la fédération, Tarik Najmi, pour présenter leurs condoléances. Le décès de Mustapha Ihattaren, intervenu le 6 octobre suite à un cancer à quelques heures d’un match de championnat face au VVV-Venlo, est justement la principale ombre au tableau dans le début de carrière du Maroco-Néerlandais, puisque ce dernier est réputé très proche de sa famille, qu’il a, confient ses proches, au téléphone avant chaque rencontre. Ihattaren doit ainsi beaucoup à ses frères aînés, qui ont renoncé à leurs propres carrières professionnelles pour lui permettre de s’épanouir.
Pour la FRMF, il s’agit surtout d’un rappel du fait qu’il ne faut pas toujours compter sur la formation prodiguée aux jeunes de la diaspora dans des pays tierces, surtout qu’à mesure que le temps passe et que de nouvelles générations voient le jour, le lien avec le Maroc tend à se distendre et même parfois à s’effacer; même si dans le cas d’Ihattaren il s’agit d’un choix d’abord sportif car l’affection qu’il porte pour son pays d’origine est de notoriété publique. Au risque de ne plus pouvoir, un jour, aligner une équipe nationale compétitive.