Kaoutar Fal, une histoire belge

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Une journaliste marocaine accusée d’espionnage par la Belgique


L’arrestation de la journaliste Kaoutar Fal sur incitation des services belges pourrait porter un coup dur à la coopération sécuritaire entre le Maroc et la Belgique.

La presse européenne la surnomme déjà la Mata Hari marocaine, en référence à la célèbre danseuse néerlandaise fusillée pendant la Première Guerre mondiale pour espionnage au profit de l’Allemagne, mais l’affaire de Kaoutar Fal pourrait être plus prosaïque qu’il n’y paraît.

Accusée par les autorités belges d’être une agent des services secrets marocains, le service de contre-espionnage marocain, et à ce titre détenue en prison depuis le 10 juillet 2018 en attendant d’être expulsée de Belgique, où elle se trouve depuis le 29 mai, cette journaliste marocaine semble en effet, selon diverses sources médiatiques, avoir plutôt fait l’objet d’une cabale, en raison de son travail de lobbying au profit du Maroc au sein des institutions européennes. Présidente de l’Organisation internationale des médias africains, qu’elle a, elle-même, fondée, Mme Fal avait à plusieurs reprises tenu dans la capitale belge Bruxelles, où siège notamment le Parlement européen, des événements défendant le point de vue marocain au sujet notamment de la question du Sahara, ce qui ne pouvait que faire grincer des dents, surtout que ces événements étaient ponctués de réussite.

Travail de lobbying
D’ailleurs, plusieurs médias algériens l’avaient déjà accusée, par le passé, d’agir au bénéfice des services marocains, sans pour autant en fournir la preuve. Selon des sources à Bruxelles, les services belges se seraient vu transmettre de fausses informations au sujet de Mme Fal, qui depuis son arrivée en Belgique a déjà été arrêtée trois fois. Ses deux précédentes interpellations avaient toutes deux été jugées dénuées de fondements par la justice.

«Ma cliente a été libérée par la chambre du conseil qui a jugé sa détention en centre fermé illégale. Cette décision a ensuite été confirmée par la chambre des mises en accusation le 9 juillet dernier», a clamé son avocat, Me Julien Hardy. Pour sa part, le Maroc nie toute relation avec Mme Fal en dehors de ses liens de citoyenneté avec le pays. L’ambassadeur du Royaume à Bruxelles, Mohamed Ameur, a rendu visite à la concernée dans sa cellule de prison à Steenokkerzeel, en Région flamande, mais uniquement au titre de ses fonctions consulaires, contrairement aux allégations de certains médias algériens.

Dans la communauté du renseignement, la décision des services belges de faire arrêter Mme Fal sur la base d’informations qui ne sont pourtant pas authentifiées à 100% a tout de même surpris, sachant l’excellence de leurs relations avec leurs homologues marocains. Ceux-ci ne sont en effet pas avares à leur endroit en tuyaux, notamment ceux relatifs aux jihadistes marocains porteurs également de la nationalité belge. L’arrestation de Mme Fal pourrait bien porter, à l’avenir, un coup dur à cette fructueuse coopération.

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