Dès la rentrée prochaine, l’université marocaine est priée de faire plus avec moins. Plus d’étudiants, d’un côté, depuis que la pression des sureffectifs commence plus que jamais à se faire sentir sur les bancs de l’université. Moins de professeurs, de l’autre, puisqu’une grande partie d’entre eux partent à la retraite. Comment prétendre alors faire une formation de qualité quand l’université marocaine se distingue déjà par un investissement et un taux d’encadrement par étudiant bas? Comment offrir aux élèves qui viennent de réussir aux examens du baccalauréat une place à l’université publique quand cette dernière reçoit presque trois à quatre fois moins de moyens par étudiant que les universités sélectives à statut privé ou même à statut dit public- privé qui occupent de plus en plus le paysage de l’enseignement supérieur marocain? Trop peu, en tout cas, pour développer ne serait-ce que des premiers cycles de grande qualité et des conditions dignes de ce nom.
Contraintes matérielles
Face à cette situation, notamment celle plus lancinante du déficit en enseignants-chercheurs, le département de Lahcen Daoudi n’a trouvé d’autre moyen que de faire appel à des solutions de fortune, comme celle qui, au lieu de l’assistanat, ouvrira la voie à un système de contractualisation permettant à des jeunes doctorants d’assurer des cours à l’université. En effet, dès la rentrée universitaire d’octobre 2015, 300 chercheurs inscrits en deuxième année du cycle doctoral pourront, ainsi, passer un concours pour être recrutés dans les universités en tant que chargés d’enseignement. Ils seront embauchés par un contrat d’une année, renouvelable une fois, avec à la clé, un salaire de 5.000 dirhams par mois.
Trente-quatre d’entre eux seront affectés à l’Université Hassan II de Casablanca. «On va commencer cette année avec trois cents doctorants, sachant qu’on va pourvoir cinq cents nouveaux postes», souligne Lahcen Daoudi, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, interviewé par notre confrère La Vie éco du 3 juillet 2015. D’ailleurs, à partir de janvier 2016, avec les 500 doctorants que le ministère va recruter de l’Administration, cela fera 1.300 nouveaux enseignants. «Il nous faut, pour combler le déficit en la matière, au moins 1.000 enseignants par an», confirme-t-il. Autre nouveauté pour la rentrée universitaire, la formation des nouveaux enseignants, qui bénéficieront d’une formation dans les nouvelles méthodes d’enseignement, afin de les préparer à l’utilisation des technologies de l’information.
Autant d’initiatives qui, comme le lancement, en moins de trois ans, de trois nouvelles facultés de médecine et de trois centres hospitaliers universitaires (CHU), sont, certes, les bienvenues, mais qui ne résoudront ni les contraintes matérielles, et encore moins les obstacles d’ordre qualitatif d’un système universitaire souvent inégalitaire, sélectif et peu efficace, qui se heurte plus que jamais au sureffectif des étudiants et au faible taux d’encadrement.