Portrait. Avec une volonté d’acier, mâtinée d’une douceur remarquable, Aïcha Laasri évolue à pas surs dans le monde des affaires. Vice-présidente chargée de l’incubateur d’entreprises féminines de l’AFEM, Aïcha est surtout une maman comblée et une femme de coeur dévouée corps et âme à l’associatif.
Dynamique, la démarche alerte, Aïcha Laasri déborde d’énergie. Les 24 heures de la journée ne semblent pas lui suffire pour réaliser tous les projets dont déborde son agenda. Femme d’affaires aguerrie, mais surtout femme au grand coeur, elle partage sa vie entre le monde impitoyable du business et celui, plus doux et plus réconfortant, de l’humanitaire.
Aïcha Laasri, de son nom de jeune fille, est aujourd’hui une valeur sure dans le monde des assurances. Une sphère qui sentait fort la testostérone quand elle y fait ses débuts en 1979. Après une licence en Droit, la jeune femme entame un stage dans une compagnie d’assurance en tant que juriste dans le service Sinistres. C’est tout de suite le coup de foudre. Aïcha est prise de passion pour le métier d’assureur et comprend très vite qu’elle était faite pour cette profession. Elle se donne, tout de même, le temps de faire ses armes dans ce domaine et d’aiguiser son savoir-faire avant de se lancer dans “l’aventure” en créant sa propre société de courtage. Pour cela, elle fait des études spécialisées et obtient un diplôme de l’école des assurances.
Ascension fulgurante
A 25 ans, Aïcha Laasri est une femme comblée. Elle est épanouie professionnellement et sur le plan personnel, elle coule le parfait amour avec celui qu’elle ne tardera pas à épouser, M. Abdelrhaffar Amrani, ingénieur agronome de son état. Le jeune homme représente tout pour cette orpheline de père et de mère. De cette idylle naît Saâd, une année après leur mariage. Mais la jeune maman n’a pas de répit. Elle se donne à fond dans son travail. Une volonté d’acier animait cette femme qui devait toujours faire mieux pour se faire une place dans l’univers cruel des assurances. Aïcha, la fonceuse, ne recule devant rien. Elle pousse toujours plus loin ses propres limites pour aller de l’avant, en puisant, pour cela, ses forces dans l’amour de ses 5 enfants et de son mari. Un autre défi l’attendait. «Le domaine des assurances a toujours été considéré par les gens comme celui de l’arnaque par excellence. Nous sommes mal vus. Il me fallait donc effacer cette image et acquérir la confiance des clients», confie Aïcha Amrani. En bon soldat, elle mène une guerre acharnée contre les clichés qui minent ce terrain. Avec la rigueur qui la caractérise, la chef d’entreprise ne tarde pas à s’imposer sur le marché et à fidéliser ses clients. Dès sa première année d’exercice, elle réussit à faire un chiffre d’affaires que d’autres n’arrivaient pas à réaliser en plusieurs années.
Les épreuves de la vie
Les années passent et son business se porte pour le mieux. Elle coule des jours heureux avec sa famille jusqu’à ce que, le 17 janvier 1999, un drame vient bouleverser sa vie. Aïcha vacille quand son compagnon quitte, brutalement, ce monde, la laissant seule avec cinq enfants et un chagrin insurmontable. Le coup est dur à encaisser. Défiant ce destin funeste, elle se relève pour s’occuper de ses enfants pour lesquels elle est désormais la mère et le père. Eduquer 4 garçons et une fille n’avait rien d’une sinécure. Quelques années plus tard, son fils Saâd, en concertation avec son frère Karim, l’informe d’une demande en mariage qui lui était adressée par un grand ami de la famille. Devant l’insistance de ses enfants, elle finit par accepter. C’est ainsi qu’elle épouse en France, en 2008, Abdellah Bounfour, professeur universitaire et grand homme de la culture. «Il était pour moi d’un grand soutien pour mes enfants. Je l’en remercie», témoigne-t-elle.
En 2010, Aïcha est frappée par un nouveau drame. Un accident lui arrache son fils Saâd, dont elle n’arrive toujours pas à faire le deuil. Après avoir fait carrière à l’ONU, il était rentré au pays où il était promis à un bel avenir. La maman éplorée sombre, une nouvelle fois, dans un chagrin profond. Toutefois, penser que le destin s’acharne sur elle et sombrer dans le désespoir ne ressemble pas à Aïcha. Il en faut beaucoup plus pour la faire fléchir.
Le social dans le sang
Elle affronte ces dures épreuves avec courage et dignité. Pas question de baisser les bras pour cette battante dont la fibre sociale se consolide suite à ces événements tragiques. Une manière pour elle de venir en aide aux nécessiteux et de renvoyer l’ascenseur à ceux que la vie n’a pas gâtés. Elle dédiait également ses actions caritatives aux âmes de son mari et de son fils. Déjà, en 2000, Aïcha était membre fondateur de l’AFEM (Association des femmes chefs d’entreprise. Elle y a assuré la fonction de secrétaire générale et de vice-présidente, chargée du pôle Créations d’entreprises. Elle a également créé d’autres associations, dont le club Inner Wheel Casablanca-Californie, en 2005.
Il a entre autres une vocation culturelle. En 2002 alors que Aïcha était présidente du club Casa-Mers Sultan, son club d’origine, elle organise la première conférence publique du grand penseur Mohamed Arkoun à Casablanca.
Aider les autres est un gage permanent d’humanité pour Aïcha, qui caresse le rêve de construire un centre pour prendre en charge les enfants mentalement déficients en mémoire de son fils Saâd à travers sa Fondation FSA (Fondation Saâd Amrani) Pour cela, elle lance un appel aux âmes charitables pour contribuer à la concrétisation de ce projet, qu’elle qualifie d’essentiel pour ces malades sans ressources.
Le bonheur d’être femme
Aujourd’hui, les enfants de Aïcha Laasri sont grands et ont bien réussi leurs vies. Karim prend la relève de la société familiale, SADAS, son autre fils Omar est médecin anesthésiste réanimateur à Nantes. Son troisième garçon achève ses études à Grenoble et la benjamine passe son bac cette année.
Sur le plan professionnel, Aïcha Laasri a eu un parcours sans faute. Depuis qu’elle a créé son entreprise, elle ne cesse, en parallèle, de militer pour asseoir, au Maroc, un entreprenariat au féminin. Engagée, elle est très active dans ce domaine. Elle est, en effet, membre fondateur de l’AFEM (Association des Femmes chefs d’Entreprise du Maroc), membre du conseil de la CGEM, membre d’ESPOD (Association Marocaine pour la Promotion de l’Entreprise Féminine) et de plusieurs autres associations.
Elle est, actuellement, vice-présidente chargée de l’incubateur d’entreprises féminines de l’AFEM. Son combat est d’inciter les femmes à accéder au monde de l’entreprenariat et de passer de l’informel au formel. En se remémorant les débuts de l’AFEM, elle ne peut s’empêcher d’évoquer Salwa Karkri Belkziz, qui est à l’origine de la création de cette structure qui a pris aujourd’hui une grande dimension grâce à la volonté de sa présidente actuelle, Laila Myara, et les membres de son bureau. Elle rend également hommage à toutes les femmes qui ont contribué à l’essor de cette association ( Saida Karim Amrani, Meriem Bensaleh, Khadija Sijelmassi, Khadija et Leila Doukkali, Jamila Berrada, Afifa Boutaleb ...). Des dames, qui, comme elle, font la fierté du Maroc.