Des hommes, des moyens et une politique
La question sécuritaire est sans conteste au premier plan des priorités nationales. Si le développement économique et le progrès social se situent au même rang en ce qu’ils participent d’une vision de règne, l’aspect sécuritaire y a désormais sa place. Pourquoi? Parce que, par nature, l’Etat a une mission régalienne: celle d’assurer la sécurité des biens et des personnes. Mais, plus globalement encore, comment peut-on sérieusement escompter une mobilisation et une valorisation des potentialités nationales si la stabilité politique n’est pas assurée?
C’est sur ce double front que le Maroc est engagé depuis plus d’une dizaine d’années, notamment à la suite des attentats terroristes de Casablanca du 16 mai 2003. Il a fallu revoir la législation en vigueur en octobre 2003 puis de nouveau en 2014. Pourquoi? Pour lui permettre de faire face à de nouvelles menaces et lui assurer ainsi des procédures et des moyens réellement opératoires à même de faire face à un ennemi jusqu’alors inédit, mutant, avec des ramifications extérieures.
Rupture à marche forcée
Cette approche s’est accompagnée d’une réarticulation de l’ensemble de l’appareil sécuritaire organisé depuis pratiquement des décennies sur d’autres bases. C’est même là une «rupture» de fait qui a été menée à marche forcée dans ce domaine. Elle a bénéficié, dans le cadre de ce volontarisme, de la ferme volonté royale de se hisser au niveau des nouveaux défis. Elle s’est ensuite déclinée, au cours de plusieurs phases, par de véritables plans visant l’efficience de la gouvernance sécuritaire: celui de Hamidou Laânigri, puis, ces dernières années, celui de Abdellatif El Hammouchi, patron de la DGST.
La technicité y a sa place; la capitalisation d’une expertise aussi, ce dernier responsable s’étant distingué par sa connaissance pointue de la mouvance islamiste; sans oublier l’information poussée et l’usage des nouvelles technologies (écoutes téléphoniques, GPS, réseaux sociaux, Internet,…).
La création du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), en mars 2015 –baptisé “FBI marocain” par la presse–, confié à Abdelhak Khiame, patron de la BNPJ, était la traduction opérationnelle et institutionnelle de cette politique.
Celle-ci s’est également prolongée par la valorisation de ressources humaines: recrutement de profils universitaires, stages de formation spécialisée au Maroc et à l’étranger,… Enfin, il a fallu mettre sur pied un seul et même pôle sécuritaire associant toutes les branches de l’appareil (DGED, DGST, DGSN, gendarmerie royale,…). Cela commande une totale coordination qui n’a rien à voir avec les cloisonnements du passé et les rivalités de services. A telle enseigne qu’aujourd’hui, pratiquement en temps réel, tous les responsables ont les mêmes informations et sont appelés, dans leurs domaines respectifs, à les traiter et à les communiquer.
Quelles sont les tâches à assumer à cet égard? La collecte de l’information, autrement dit le renseignement. La mobilisation est forte à cet égard de la part de ceux qui, à travers le Royaume, en ont administrativement la charge; mais elle l’est également avec un tissu social particulier conscient des défis et des dangers. La société marocaine est pluraliste, avec ses divisions et ses revendications, mais, face à tout ce qui peut menacer l’unité et les fondamentaux de la nation, elle se dresse comme un seul homme pour faire face. Sur l’islam, la patrie, la monarchie, l’esprit national ne cédera pas un pouce. Avec le terrorisme, c’est la même position de principe qui s’exprime.
Appréciation à l’international
L’appareil sécuritaire bénéficie désormais d’un regain de légitimité et de valorisation. Les citoyens mesurent et saluent le professionnalisme de toux ceux qui sont mobilisés sur ce front-là. Ils apprécient d’ailleurs dans cette même ligne l’appréciation qui est faite de ce corps à l’international parce qu’ils savent que c’est un seul et même combat contre la violence, le terrorisme et la barbarie.
La construction démocratique à l’ordre du jour se fait donc dans un contexte difficile et elle ne bénéficie pas d’un climat apaisé, aseptisé. Elle se doit de garder le cap, ce qui ne peut d’ailleurs que la tonifier et en faire le rempart contre toutes les menées déstabilisatrices. Dans cette vision-là, la sécurité exercée dans le cadre de l’Etat de droit a une place éminente dont tous les citoyens ont pleinement conscience.