Mustapha Sehimi
Parmi tous les pays maghrébins et arabes, le Maroc est le plus africain. Avec le Nouveau Règne, la politique africaine du Maroc s’inscrit dans le cadre des constantes qui ont prévalu depuis l’indépendance. Celles-ci n’ont pas été rigides et elles ont dû s’adapter et s’insérer dans les multiples évolutions intervenues dans l’environnement international. Mais, dans le même temps, le Souverain a veillé à prendre la mesure des mutations plus lourdes qui étaient en cours dans le système international. Avec le Nord, le Maroc a élargi ses relations de la manière la plus optimale qui soit. Le statut avancé avec l’Union européenne et les accords de libre-échange avec les Etats-Unis en témoignent. Au plan militaire et/ou sécuritaire, Rabat a fait sa place, appréciée, dans la stratégie antiterroriste et dans la préservation de la paix. En direction du monde arabe, la déclinaison a été particulière avec un fort prisme avec les membres du Conseil de coopération du Golfe. Ailleurs, le tissu de coopération s’est activé et renforcé en Asie et en Amérique latine. Mais nul doute que c’est vers le continent africain que l’on trouve le “marqueur” le plus significatif d’une diplomatie en mouvement qui donne tout son sens à la conception que se fait le Royaume de ses rapports avec cet espace.
Il y avait déjà des acquis de toutes sortes, c’est vrai. Mais c’est, faut-il le rappeler, S.M. Mohammed VI qui a décidé au Sommet du Caire en mars 2000, d’annuler les dettes des pays les moins avancés du continent. Un signe fort d’une nouvelle approche marquée du sceau de la solidarité. Le Maroc aurait pu en rester là et s’aligner sur ce qui se faisait alors par les autres. Il a opté pour une autre voie: celle d’un type nouveau de coopération Sud-Sud. Sénégal, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Gabon: la tournée royale actuelle témoigne de cette approche. C’est la troisième année consécutive que le Souverain se rend dans cette région subsaharienne. Il faut y voir l’expression d’une détermination qui n’a pas baissé et qui veut ainsi acter une politique.
C’est un processus qui est en marche, impliquant tous les acteurs économiques nationaux –banques, télécommunications, BTP, logement, formation, santé,… En Côte d’Ivoire, la signature du projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody, à Abidjan, le mercredi 3 juin, est exemplaire. Il est l’illustration d’une expertise marocaine établie déjà avec le programme Marchica Med. Quel pays peut se prévaloir de ce savoir-faire alors que ce dossier constituait une nuisance majeure pour les populations de la capitale ivoirienne? Tout a été pris en compte à cet égard: l’implication des compétences de ce pays, la mise sur pied d’un tour de table financier avec le groupe Attijariwafa Bank et le département de l’Economie et des Finances ivoirien, l’aménagement urbanistique, la sauvegarde de l’environnement,...
Mais dans sa «boîte à outils», le Maroc a aussi d’autres atouts. Ainsi, la priorité est donnée à des projets sociaux, au plus près des besoins des populations et ce en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie.
C’est une coopération reposée en des termes nouveaux qui s’installe et qui est en train de gagner ses lettres de noblesse. Le «big business», oui: c’est un intérêt commun, mutuellement bénéfique; mais aussi le social, le médical, l’aide aux petits agriculteurs, la formation. Sans oublier qu’outre ce modèle de développement, s’y ajoute une coopération religieuse donnant une valeur ajoutée à notre diplomatie, dont le référentiel est un Islam sunnite, de rite malékite, tolérant et modéré; de quoi faire justice de l’instrumentation de la religion par l’extrémisme et le jihadisme salafiste. C’est, au final, un modèle total qu’offre le Maroc; il répond aux attentes et aux aspirations de l’immense majorité de l’Afrique.
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