L'agence de notation moody's classe le royaume en «ba1», avec une perspective "positive"

Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib.

Va-t-on vers le déblocage économique ?


Lorsque la campagne agricole  s’annonce sous de bons auspices  avec une production record  de pas moins de 78 millions de  quintaux, la Banque centrale, que dirige  Abdellatif Jouahri, ne pouvait que revoir à  la hausse son estimation de la croissance  économique en 2017 à 4,3%. Un taux voisin  de celui du Fonds Monétaire International  (4,4%), mais un peu plus élevé que  celui prévu par la Banque mondiale (4%).  Une annonce qui tombe à pic, surtout à  un moment où Saâd Eddine Othmani est  en train de constituer son gouvernement.  Cette dynamique positive de l’économie  semble être partagée par l’agence de  notation financière Moody’s, qui classe le  Royaume en «Ba1». Note assortie d’une  perspective «positive», contre «stable»  précédemment. Deux éléments favorables  ont joué dans le sens de cette notation  positive, nous disent les analystes de Moody’s:  l’amélioration de la position externe  du Maroc avec un matelas de devises  assez confortable et la consolidation budgétaire  grâce, notamment, à la réforme des  subventions des produits pétroliers.

Autant de clignotants au vert qui pourraient  redonner de la visibilité aux décideurs  économiques. Ceci est d’autant  plus encourageant pour sortir du climat  d’attentisme que la machine du crédit ne  s’est pas grippée. Elle a même bien tourné, notamment en faveur de l’investissement.  Ainsi, pour le seul mois de décembre 2016,  les crédits à l’équipement ont totalisé pas  moins de 10 milliards de dirhams. Cette  dynamique va-t-elle se poursuivre en  2017?

Amélioration du crédit
À la fois pour Bank Al Maghrib (BAM) et  pour le Haut Commissariat au Plan (HCP),  ce trend haussier de financement est  appelé à se poursuivre. BAM table, ainsi,  sur une appréciation du crédit au secteur  non-financier de 4,5% en 2017 et de 5%  en 2018. De même, le HCP s’attend à une  amélioration du crédit bancaire dans sa  globalité de 4,6% cette année.

Cette relance du financement bancaire  serait due, notamment, selon Mohamed  Benchaâboun, PDG de la Banque Centrale  Populaire (BCP), «au net repli du coût du  crédit». «En dépit de l’accentuation des  risques, les taux débiteurs empruntent  une tendance baissière depuis plusieurs  années. Ce mouvement s’explique aussi  bien par la recrudescence de la concurrence,  du fait de la rareté des crédits de  qualité, que par la baisse tendancielle des  taux de référence des Bons du Trésor»,  estime le PDG de la BCP.

Cette embellie du crédit bancaire va-telle  encourager les chefs d’entreprise à  sortir de leur frilosité? Rien n’est moins  sûr, puisque, selon une enquête récente  du HCP, les patrons prévoient, dans la  majorité des secteurs, une stabilité de  l’activité et rares sont ceux qui anticipent  une hausse au cours du premier trimestre  2017. Dans l’industrie, seuls quatre chefs  d’entreprise sur dix anticipent une hausse  de la production industrielle manufacturière.  Et là où le bât blesse, c’est du côté  de l’emploi. Pour le sondage du HCP, la  proportion des entreprises qui comptent  recruter reste globalement faible. 72% des  patrons parlent surtout de «stabilité des  effectifs». Soit une autre manière de dire  que l’emploi va encore trinquer.

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