L'Amérique restera-t-elle notre amie?

Donald Trump, nouveau président des Etats Unis


Mohamed Selhami Mohamed Selhami

L’élection du président  de la première puissance  du monde est un  événement planétaire.  C’est à l’aune de cette  lapalissade que chaque pays reprend la  mesure de ses relations avec les Etats-  Unis d’Amérique. Qu’avons-nous, se  demande-t-on, à gagner ou à perdre  avec Donald Trump, le nouveau locataire  de la Maison Blanche? Tout naturellement,  la question se pose aussi à  nous autres, avec un peu plus d’acuité,  vu l’épaisseur historique de notre rapport  à l’Amérique.

Les Marocains en  sont conscients. Ils ont intensément  vécu les péripéties d’une campagne  électorale qui a duré des mois. Il y  avait là le sentiment que ce duel d’une  autre dimension entre Hillary Clinton et  Donald Trump nous concernait sur des  problèmes qui impactent notre présent  et engagent notre devenir. Au premier  rang figure, bien évidemment, la question  existentielle du Sahara marocain  et de notre intégrité territoriale.

Quel a été le positionnement de la présidence  sortante et que pouvons-nous  attendre de celle qui arrive? Sans  basculer dans une quelconque forme  d’ingratitude amnésique, disons que  Barack Obama a compris le caractère  factice de ce conflit, mais qu’il n’a pas  entièrement agi en conséquence. Il  était donc normal que nous attendions  de lui un peu plus en faveur de notre bon droit. Certes, il a mis un coup d’arrêt  à la manoeuvre algérienne autour  de l’élargissement des attributions de  la Minurso, sous couvert des droits  de l’Homme. Pour qu’il en soit ainsi,  S.M. Mohammed VI a dû avoir une  communication téléphonique avec le  président Obama.

Autrement, l’ex-secrétaire général de  l’ONU, Ban Ki-moon, s’était totalement  embarqué dans le dispositif algérien  exclusivement monté à son intention.  Nous serions alors entrés dans un  tourbillon infernal qui pouvait conduire  tout droit à une conflagration armée  embrasant toute la région. Hillary Clinton,  avant son successeur John Kerry  à la tête de la diplomatie américaine,  avait contribué à plus d’un sauvetage  in-extremis de la paix dans le nordouest  africain.

Mme Clinton avait même été gratifiée  d’une fibre de sympathie pour le Maroc. D’ailleurs, tout au long de sa  confrontation électorale avec son rival  Donald Trump, les sondages l’ont donnée  largement favorite des Marocains.  Mais, de façon globale, sur deux mandats  de Barack Obama, nous sommes  restés sur un sentiment d’inachevé;  dès lors que nous espérions des  prises de position plus franches et  plus décisives. C’est précisément  ce que le Maroc attend du nouveau  président. Ses envolées oratoires à  propos de l’Islam, des musulmans et  de l’immigration ne peuvent être que  désapprouvées. Tout autant que son  protectionnisme économique excessif.  Donald Trump a d’ailleurs opéré  un recadrage de son propos dès ses  premières déclarations en tant que  président élu.

Il n’a donc pas attendu pour faire comprendre  aux Américains et au reste du  monde qu’il s’agissait plutôt de servitude  langagière de campagne. Sans  plus. Et que la raison d’État prévaudra  en toute circonstance. Tout ce que  le Maroc peut souhaiter du président  Trump, c’est un maximum d’attention  pour la sauvegarde de son intégrité  territoriale et sa volonté de coopération  mutuellement bénéfique.
Le président Trump a d’ores et déjà fait  savoir qu’il travaillera pour le renforcement  des relations transatlantiques de  l’Amérique. Le Maroc, partie prenante  de par sa position géographique, s’y  inscrit volontiers
 

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