L'année royale 2017/2018: L'exercice du redéploiement



A l’heure où le Maroc se cherche un nouveau modèle de développement, il trouve ses seules certitudes pour l’instant dans les stratégies impulsées par Sa Majesté Mohammed VI.

Paradoxale que cette année royale 2017/2018. Autant le Roi Mohammed VI en a passé une grande partie à l’étranger et notamment en France en raison de ses soucis de santé -opération du coeur le 26 février dans la capitale hexagonale Paris-, autant cela faisait longtemps qu’il ne s’était autant consacré aux chantiers internes. Les exercices précédents, il fallait mettre l’accent sur la diplomatie, alors que le Maroc préparait son retour dans les instances africaines, en plus bien sûr du dossier du Sahara marocain, qui continue d’occuper l’agenda extérieur depuis bientôt 43 ans. Sa Majesté Mohammed VI avait, comme à son habitude, mené la barque avec brio, avec l’adhésion à l’Union africaine (UA), en janvier 2017, au XXVIIIe sommet de l’organisation, et il n’a d’ailleurs pas dérogé à la règle ces derniers mois, en marquant notamment de sa présence, en novembre 2017, le sommet Afrique-Europe de la ville d’Abidjan en Côte d’Ivoire, avec un discours sur la migration applaudi par ses pairs des deux rives de la Méditerranée.

Les politiques à l’amende
S’agissant plus spécifiquement du cas d’espèce saharien, la diplomatie royale a de nouveau fait preuve de sa pertinence et de son efficacité, avec le basculement qui continue de s’opérer à l’international en faveur de l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie au Sahara marocain du 11 avril 2007, encore saluée le 27 avril 2018 par le Conseil de sécurité pour son «sérieux» et sa «crédibilité», et surtout contre les ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc, Algérie en tête.

Cette dernière s’est trouvée citée, pour la deuxième année consécutive, comme partie prenante du conflit des régions du Sud par les instances onusiennes, ce qui confirme et appuie le discours défendu depuis plus de quatre décennies à son encontre par les autorités marocaines de «financer, abriter, armer et soutenir diplomatiquement» le mouvement séparatiste du Front Polisario, pour reprendre le message qu’avait adressé le 4 avril 2018 S.M. le Roi Mohammed VI au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), António Guterres.

La conjoncture nationale, marquée notamment par de nombreux mouvements de protestation de la province d’Al-Hoceïma à celle de Jerada, dans l’Oriental, en passant même par les médias sociaux depuis le 20 avril avec le boycott de plusieurs produits de consommation, appelait cependant un redéploiement, sachant l’inertie de la classe politique.

Dans son discours du Trône du 29 juillet 2017, S.M. le Roi Mohammed VI avait d’ailleurs publiquement mis à l’amende cette dernière: «N’ont-ils pas honte, ces responsables qui n’accomplissent pas leur devoir alors qu’ils ont prêté serment devant Dieu, la patrie et le Roi? Ne conviendrait-il pas de destituer tout responsable à chaque fois qu’on établit une négligence ou un manquement de sa part dans l’exercice de ses fonctions?».

Hélas, nos politiques ont encore raté l’occasion de briller, si ce n’est par leur «manque de scrupules» -dixit le Souverain dans le même discours-, comme l’illustre l’affaire des retraites des parlementaires, qui semble plus faire vaciller les concernés que les questions intéressant vraiment et directement leurs électeurs. Et même quand il s’agissait simplement pour eux de se mettre au diapason, ils ne l’ont pas fait. Exemple éloquent avec la nomination, le 22 janvier 2018, de quatre nouveaux responsables ministériels par S.M. le Roi Mohammed VI.

Préservation des portefeuilles
Cette nomination était intervenue suite au limogeage, le 24 octobre 2017, de trois ministres et d’un secrétaire d’État (en l’occurrence Mohamed Nabil Benabdellah, de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville; Mohamed Hassad, de l’Education nationale; Houcine El Ouardi, de la Santé; et Larbi Bencheikh, de la Formation professionnelle) en raison de leur mise en cause dans des dysfonctionnements dans la mise en oeuvre du programme de développement spatial de la province d’Al-Hoceïma Manarat al-Moutawassit (phare de la Méditerranée, en arabe), selon ce qu’avait révélé la Cour des comptes.

Les remplaçants de ces responsables sont certes reconnus pour leur compétence, à savoir Abdelahad El Fassi El Fihri, Saïd Amzazi, Anas Doukkali et Mohamed El Gharras, mais leur arrivée aux commandes a d’abord procédé d’une logique de préservation des portefeuilles par les partis politiques qui les détenaient plutôt que de saisir l’occasion pour insuffler un nouvel esprit au sein de l’Exécutif.

Projets de développement
On imagine, forcément, S.M. le Roi Mohammed VI déçu au moment de recevoir les propositions de nomination du Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, mais comme à l’accoutumée, il a tenu à respecter l’esprit et la lettre de la Constitution, que, rappelons-le, il avait appuyée en appelant à y voter favorablement dans un discours de juin 2011. Seul point nouveau, la désignation d’un ministre délégué à la Coopération africaine, en l’occurrence Mouhcine Jazouli; idée... qui lui est due, puisqu’il l’avait proposée dans son discours de la révolution du Roi et du peuple du 20 août 2017.

Comme quoi, S.M. le Roi Mohammed VI demeure le principal point fort du Maroc… Pour le reste, d’Est en Ouest et de Tanger à Lagouira, les projets de développement se multiplient, qu’il s’agisse d’écoles, d’hôpitaux ou plus éloquemment encore de la ligne à grande vitesse (LGV) pour près de 23 milliards de dirhams (MMDH) -inauguration prévue au quatrième trimestre de cette année-, alors même que le Roi avait appelé à revoir le modèle de développement dans son discours d’ouverture du parlement du 13 octobre 2017, de sorte à le rendre plus inclusif et plus égalitaire à l’endroit des Marocains. Mais comme on peut l’imaginer, son appel ne semble pour l’instant trouver comme récepteur que des oreilles de sourd...

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