Quand l’art permet de vaincre la délinquance
La musique, dit-on, adoucit les moeurs. Vrai ou pas, Ouafae Ouazzani y croit en tout cas foncièrement. Depuis 2015, elle mène au sein de l’Association Fès des beaux arts, qu’elle préside, un véritable combat dans les quartiers déshérités de la ville de Fès pour prévenir la délinquance à l’aide de l’apprentissage du patrimoine musical marocain. Plus concrètement, une vingtaine de jeunes de Aïn Nokbi, âgés de 10 à 16 ans, sont actuellement encadrés par l’association. L’Association Fès des beaux arts leur paie tout: du professeur en passant par les instruments. Mme Ouazzani espère bien qu’à l’avenir davantage de jeunes puissent bénéficier d’une formation similaire. “Mais il nous faudra la contribution de tous pour pouvoir y arriver, nous déclaret- elle. Plus nous aurons de moyens, plus de jeunes auront la possibilité de suivre des formations”, souligne-t-elle. Dans la vie, Mme Ouazzani est elle-même mélomane. Depuis 2013, elle suit des cours de piano. C’est par ailleurs une choriste émérite. “J’ai moi-même constaté les effets de la musique sur moi quand je me suis lancée à la tête de l’association”, nous confie Mme Ouazzani.
Des progrès énormes
En 2015, celle qui n’est pas encore présidente de l’Association Fès des beaux arts a l’occasion d’assister à un concert où se produisent un groupe de jeunes de quartiers défavorisés. L’excellente prestation des concertistes en herbe séduit alors Mme Ouazzani.
Celle-ci en parle à droite et à gauche à ses connaissances et se décide tout de go à se lancer dans le bain associatif: quelques mois plus tard, elle lance l’Association Fès des beaux arts. Au départ, celle-ci se spécialise dans l’enseignement gratuit des arts plastiques, puis lors d’un atelier, elle est approchée par le père d’une fille membre d’une maison de jeunes à Aïn Nokbi. “Nous avons parlé et il était devenu évident pour nous qu’il fallait faire quelque chose dans le quartier”, se rappelle Mme Ouazzani.
Désormais, les jeunes talents de l’Association Fès des beaux arts se produisent dans des concerts. D’ailleurs, ce vendredi 31 mars 2017, ils devaient jouer avec le fameux orchestre Haj Abdelkrim Raïs. “Nous sommes très satisfaits de l’évolution des jeunes, nous déclare Mme Ouazzani. Les progrès qu’ils ont faits, en seulement quelques mois de cours, sont vraiment énormes. Pourtant, la musique traditionnelle marocaine n’est pas vraiment facile à composer: il faut beaucoup de temps pour pouvoir véritablement l’ingérer.”
En principe, les cours prodigués aux jeunes de l’Association Fès des beaux arts durent cinq ans. A partir de l’année prochaine, l’association devrait accueillir deux fois plus d’élèves.