Nouveau drame de l’immigration au large des côtes libyennes
Lampedusa, le tristement célèbre point d’entrée privilégié pour les immigrés irréguliers, a de nouveau été frappé par un drame de l’immigration.
En Méditerranée, les drames de l’immigration se suivent et se ressemblent. Ils se multiplient en battant à chaque fois le record du nombre de victimes, des centaines d’âmes, qui se lancent à leur corps défendant, dans des aventures périlleuses qui mettent fin à leur espoir d’un avenir meilleur. A ce propos, les images diffusées par les médias italiens, du naufrage d’un chalutier, dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 avril 2015, au large des côtes libyennes, à 200 kilomètres du Sud de l’île italienne de Lampedusa, sont tout simplement effarantes. En l’absence du nombre précis de victimes de ce drame, les médias font état de centaines de morts. D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), il s’agirait de quelque 800 disparus et, partant, du bilan le plus lourd et le plus meurtrier de ces dernières années.
Le même jour, un voilier transportant une centaine de migrants s’est échoué au large de l’île grecque de Rhodes. Selon un bilan provisoire, trois personnes sont mortes noyées: un enfant et deux femmes. Il y aurait 93 rescapés.
Le bateau serait parti de Turquie avant d’être largué par l’équipage, laissant les immigrés à leur triste sort. Quelques jours auparavant, précisément le 12 avril 2015, 400 migrants sont morts dans un naufrage similaire. Une hécatombe qui frappe de plein fouet les côtes méditerranéennes.
Le spectacle désolant des corps des migrants, majoritairement subsahariens, repêchés dans les eaux italiennes a, désormais, un air de déjà vu. Des vidéos qui inondent la toile donnent la mesure de la détresse des naufragés qui, dans une ultime tentative de survie, s’agrippent aux épaves des embarcations de fortune. Dans la dernière catastrophe de Lampedusa, des secouristes racontent que certains d’entre eux ont survécu en s’accrochant pendant des heures à des cadavres qui flottaient. Des scènes dignes du film “Titanic”, sauf que, cette fois-ci, la réalité l’emporte sur la fiction. Les marchands de la mort C’est à la nuit tombante, loin des regards des garde-côtes, que des passeurs qualifiés, à juste titre, de “terroristes” par le président français François Hollande, embarquent leurs victimes dans des voyages dont la destination finale est souvent la mort. La nuit du dernier naufrage, les passeurs, un Tunisien et un Syrien, aujourd’hui arrêtés pour trafic d’êtes humains, par les autorités italiennes, ont “chargé” à bord de leur chalutier un paquet de plus de 950 quidams à la recherche d’une vie meilleure. Ils leur ont vendu le rêve d’une vie prospère dans un continent qui ne connaît pas la pauvreté. L’illusion est vite tombée à l’eau, au propre comme au figuré. Il a suffi d’un rien pour que la vie des occupants du bateau bascule dans le néant, quand l’embarcation perd son équilibre et chavire suite au passage d’un navire marchand, comme en témoignent les survivants.
S’en est suivie une grande opération de secours lancée conjointement entre des marines italienne et maltaise à l’issue de laquelle 28 personnes ont été sauvées.
Destination finale
Avec ces naufrages à répétition, la Méditerranée s’est transformée en un cimetière sans fond où les immigrés clandestins échouent comme des déchets qui n’ont d’humain que le nom. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), cette zone, maudite, représente 75% des décès de migrants dans le monde. Les chiffres du HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés) de l’ONU sont, quant à eux, accablants et font froid dans le dos. Il estime que 1.600 migrants sont portés disparus en mer Méditerranée depuis le 1er janvier 2015. Soit plus de victimes que pour les années 2012 et 2013 réunies.
Ce qui met le vieux continent face à la pire crise de ce siècle. Devenue la destination privilégiée de plusieurs populations, notamment de Syrie, d’Irak, de Tunisie, du Soudan, d’Erythrée, de Somalie ou encore d’Afghanistan, l’Europe reçoit des migrants qui fuient l’Afrique et le Moyen- Orient. Violence, insécurité et menace islamiste mettent des milliers de personnes sur la route de l’exil. Le chaos d’une Libye qui a raté sa transition démocratique en a fait un pays pourvoyeur de candidats à l’immigration.
Le passage par la Méditerranée entre la Libye et l’Italie est ainsi devenu, selon l’agence européenne Frontex, la route la plus empruntée par les migrants. C’est ainsi que les côtes italiennes reçoivent quotidiennement des flux humains à n’en plus finir. Tous les jours, entre 500 et 1.000 personnes y échouent, aidées en cela par des filiales bien rodées qui font du trafic humain un vrai commerce. C’est que le business est juteux et la vie humaine bon marché pour ces “terroristes”.
Face à la gravité de la situation et à la multiplication des tragédies de l’immigration, les chefs d’Etat européens ont été unanimes à reconnaître l’urgence d’une solution ferme et efficace pour stopper cette hémorragie. Le dernier naufrage de Lampedusa a été la catastrophe de trop.
Un cimetière sans fond
En attendant la mise en application des solutions proposées par l’Union Européenne à la crise de l’immigration, les autorités italiennes n’ont pas tardé à passer à l’action. Le 20 avril 2015, le parquet de Palerme a annoncé avoir mis en examen 24 personnes soupçonnées d’être liées à un réseau de l’immigration clandestine entre la Libye et l’Italie. 15 personnes, dont des Africains, ont été arrêtées. Ils avaient été mis sur écoute par la police italienne. La chasse aux vendeurs de la mort est ouverte.