La tension monte d’un cran entre Nouakchott et Rabat
De l’orage dans l’air, donc, entre le Maroc et la Mauritanie? La visite, le 12 décembre 2015, de Salaheddine Mezouar à Nouakchott semblait pourtant annoncer une détente entre les deux pays. D’autant qu’à cette occasion, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération était accompagné de l’Inspecteur général des Forces armées royales (FAR) et commandant de la zone Sud, le général de corps d’armée Bouchaïb Arroub, et du patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), Mohamed Yassine Mansouri.
Il n’en serait rien cependant, croit savoir l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, qui explique, dans un court article publié lundi 4 janvier 2016 sur son site web, que les motivations derrière l’entrevue de décembre 2015 entre la délégation marocaine et le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz tiendraient de ressorts autrement plus litigieux.
Un litige qui intéresserait principalement le sort de la commune de Lagouira, officiellement marocaine depuis sa récupération en 1979 par le Maroc mais restée, dans les faits, sous contrôle des forces armées mauritaniennes. Jamais jusque-là, cependant, l’armée du voisin du sud n’était allée jusqu’à afficher le drapeau mauritanien sur la petite localité située à la pointe méridionale du Royaume. Toutefois, elle aurait “récemment”, d’après Jeune Afrique, franchi le pas, tout en renforçant en même temps, poursuit le journal, sa présence à Lagouira.
“Rabat (...) redoute (...) que le Polisario profite de l’occasion pour s’y infiltrer en toute discrétion”, précise-t-il, par ailleurs. Il ne s’agit pas de la première fois, depuis que M. Ould Abdel Aziz préside aux destinées de la Mauritanie, que les relations marocomauritaniennes traversent des turbulences. A l’origine, après le coup d’Etat qui l’a amené au pouvoir en 2008, le Maroc avait refusé de lui apporter son soutien. En 2012, à la suite de l’attentat dont il avait fait l’objet de la part d’un militaire mauritanien, il avait laissé courir la rumeur d’un coup ourdi par les autorités marocaines.
Officiellement, M. Abdel Aziz a toujours nié l’existence d’une crise avec le Royaume. Cependant, il refuse depuis 2012 de nommer un nouvel ambassadeur à Rabat. Même le chargé d’affaires de l’ambassade de Mauritanie au Maroc, Mohamed Ould Mkahla, a été nommé ambassadeur au Mali en 2014, sans pour autant être remplacé