Meknès, nouvelle capitale du monde agraire


13ème édition du Salon international de l’agriculture au Maroc


Les éditions du SIAM se succèdent. Ses succès aussi. Mais le succès de cette 13ème édition tient en particulier au thème capital et fédérateur dans le milieu rural et agricole. La maîtrise de la logistique pérennise la compétitivité pour un meilleur accès aux marchés locaux et internationaux.

La notoriété du Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM) s’étend loin, transcendant les frontières des quatre coins du globe. Pour les professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire de par le monde, c’est un rendez-vous incontournable pour plusieurs raisons. Il y en qui viennent pour conclure des marchés d’achat d’intrants ou de bétails de qualité, qui s’enquièrent des dernières technologies en matière agricole ou agro-industrielle, qui nouent des partenariats et qui viennent vendre une valeur ajoutée qui lui procure un avantage compétitif et que les autres n’ont pas. Ils viennent tous au même endroit, sur la même plateforme qui ne cesse de prendre de l’envergure au fil des éditions. Déployé sur une superficie de 180.000 m² dont 87.000 couverts, la grand-messe de l’agriculture devrait accueillir plus de 1.400 exposants issus de 67 pays et plus de 850.000 visiteurs. La 13ème édition se place sous le thème de la logistique et l’accès aux marchés.

Dans une production agricole tournée vers le marché, la gestion de la chaîne de valeur implique de rationnaliser la logistique interne (acquisition des intrants, à titre d’exemple) afin de réduire le coût de production pour rester compétitif autant sur le marché local qu’étranger. La logistique externe, qui regroupe les déplacements et les transports ainsi que l’activité d’entreposage et de stockage, intervient aussi pour beaucoup dans la compétitivité des petits exploitants ou des petites et moyennes entreprises agricoles et agroindustrielles. Laquelle compétitivité permet d’accéder aux marchés locaux, nationaux, régionaux et internationaux. Et c’est au niveau de ce maillon de la chaîne de valeur que l’on peut dégager plus de valeur ajoutée à même d’assurer la pérennité des exploitations ou des entreprises agricoles et agroindustrielles.

Un maillon fort de la chaîne
C’est dire que le choix du thème de cette édition n’est pas fortuit. L’accès et la percée des marchés est tributaire d’une bonne maîtrise de la logistique. En effet la logistique est un segment fondamental de la prestation entre l’amont et l’aval.
Au Maroc, il existe des professionnels en la matière qui rapprochent les agriculteurs des marchés lointains. Mais deux défis doivent être relevés. D’abord, il y a la nécessaire maîtrise des coûts de la logistique interne et externe pour réduire les coûts et rester compétitif, sachant que la prestation est encore chère. Et puis, il s’agit de stocker et de transporter des produits périssables, ce qui rend l’équation difficile. Les débats autour de cette équation seront au coeur de cette édition. C’est une dimension qui est prise en compte dans la politique de Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, et par les organisateurs du Salon, qui ont invité plusieurs experts nationaux et internationaux pour débattre de ce maillon essentiel dans la chaîne de valeur.

Un salon multidimensionnel
C’est dire aussi que le Salon a des dimensions autres que celle commerciale. Et c’est cette couverture de toutes les dimensions (technique, technologique…) qui en fait une manifestation prisée de par le monde, d’autant plus que son emplacement se trouve au carrefour entre l’Europe et l’Afrique, ce qui répond parfaitement aux ambitions de certaines entreprises agroindustrielles ou agricoles qui veulent pénétrer le marché africain depuis le Maroc. C’est aussi une opportunité pour les pays africains qui regorgent de foncier agricole et qui ont un besoin en savoir-faire et en intrants très important, pour saisir les occasions en or qu’offre le Salon.

Aussi, le choix des Pays-Bas pour être le pays à l’honneur de cette édition n’est pas anodin. Le modèle néerlandais constitue un benchmark intéressant puisque les Pays-Bas font partie des meilleurs commerçants au monde et sont considérés parmi les pionniers historiques du commerce international. Ils se positionnent en deuxième position en matière d’exportation de produits alimentaires dans le monde derrière les Etats-Unis.

La Hollande possède une agriculture intensive et très optimisée, respectueuse des ressources naturelles et de l’environnement. Son agro-industrie importe, transforme puis réexporte en créant une forte plus-value. Sa force, elle la puise de son secteur logistique très performant et diversifié dont le port de Rotterdam, premier du continent européen. Les Néerlandais sont des experts de la logistique et du transport, notamment en ce qui concerne leur technique de pointe en matière de réfrigération, ainsi que dans la transformation et l’agro-logistique. D’où l’intérêt de les avoir à l’honneur de ce salon et de profiter de leur expertise avérée.

Agriculture durable
Tout cela traduit par ailleurs la dimension internationale qui s’affirme d’année en année. Dans cette dimension internationale, il y a la dimension régionale. Depuis plusieurs éditions une vingtaine de pays africains et à leur tête des délégations officielles conduites très souvent soit par des chefs d’Etat soit par des ministres. Pas uniquement de l’Afrique de l’Ouest, mais aussi de l’Afrique de l’Est. Une dynamique enclenchée par la dernière tournée royale dans la région et les initiatives de coopération et de partenariat portées par le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch.

Enfin, l’importance que revêt le SIAM est, surtout, la résultante de la success-story de notre Plan Maroc Vert, lancé en 2008, visant à assurer la sécurité alimentaire et à doubler notre productivité à travers des plans régionaux, l’agrégation et le développement de chaque filière à part.

Aujourd’hui, le bilan de cette stratégie sectorielle est non seulement satisfaisant en termes de chiffres et de mécanisation et d’adoption de nouvelles technologiques d’irrigation… Mais grâce à ce Plan Vert, le Maroc réussit petit à petit à instaurer les bases d’une agriculture durable qui respecte toutes les dimensions du développement durable et en particulier, en matière de gouvernance avec l’implication en amont de toutes les parties prenantes dans la prise de décision et la réflexion sur les solutions les concernant en premier lieu.

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