Une seule fois dans l’Histoire du pays un parti politique s’est retrouvé majoritaire sous la coupole de la Chambre des représentants, chambre basse du Parlement. C’était en 1978 le Rassemblement national des indépendants (RNI). Mais il faut dire que le parti de la colombe n’a vu le jour qu’au lendemain des élections législatives de 1977, à l’issue desquelles plus de 53% des députés élus n’étaient affiliés à aucun parti et qui d’ailleurs vont constituer la cheville ouvrière de la nouvelle formation. Le paysage politique national est fragmenté. Il compte actuellement trente-cinq partis.
Aucun ne semble en l’état susceptible de gouverner seul. Actuellement, le Parti de la justice et du développement (PJD) est premier dans le pays. Il dispose de 107 sièges à la Chambre des représentants. Mais pour donner lieu à une majorité, il a nécessairement besoin de 91 sièges supplémentaires. Par conséquent, c’est presque une fatalité qu’on retrouve toujours à l’Exécutif, du moins à l’heure actuelle, une coalition.
Outre le PJD, le Parti authenticité et modernité (PAM) et, dans une moindre mesure, le RNI et le Parti de l’Istiqlal (PI) se dégagent aussi et paraissent les mieux outillés pour diriger, dans le futur, le gouvernement. C’est autour d’eux qu’à coup sûr devrait s’agréger la nouvelle majorité. A ce titre, à quelques mois seulement des prochaines législatives, prévues en octobre 2016, les alliances se multiplient.
Accord de principe
La seule officielle pour l’heure avait été scellée, en avril 2016, par le PJD et le Parti du progrès et du socialisme (PPS), qui déjà fait parti de l’actuel Exécutif. Suivi quelques semaines plus tard d’un accord de principe entre la formation islamiste, encore, et le Mouvement populaire (MP), quoique cellui-ci moins contraignant: il ne prévoit pas, ainsi, que les deux partis quittent ensemble le gouvernement si l’un d’eux était amené à le faire.
Dans les rangs de l’opposition, on parle d’une alliance, depuis février 2016, entre le PAM et l’Union socialiste des forces populaires (USFP), démentie néanmoins par le premier secrétaire “ittihadi”, Driss Lachgar. Le PI, à qui l’on prêtait également un même rapprochement avec le parti du tracteur, vient officiellement de balayer cette éventualité, comme l’a d’ailleurs confirmé son secrétaire général, Hamid Chabat, lors du conseil national du samedi 25 juin 2016. Parmi les grands partis, seule l’Union constitutionnelle (UC) paraît disposer de chances médiocres d’intégrer le prochain gouvernement.
Néanmoins, on peut lui accorder le mérite de tenter autant que faire se peut de conjurer son sort apparemment inéluctable d’opposant depuis que l’ancien “maire” de la ville de Casablanca, Mohamed Sajid, a été élu à sa tête début 2015. Le MP, depuis le XIIe congrès de 2014, vit au rythme de la fronde générale, au point que son secrétaire général, Mohand Laenser, a failli être débarqué en novembre 2015 à l’issue d’un congrès extraordinaire tenu à l’initiative de ses adversaires dans la ville de Skhirat, si ce n’était l’intervention à la dernière minute du ministère de l’Intérieur.
De même l’USFP, dont une partie des opposants à M. Lachgar ont au final préféré plier bagage et donner naissance en mai 2016 à l’Alternative démocratique (AD), une nouvelle formation dirigée par Ali El Yazghi, fils de l’ancien ministre d’Etat Mohamed El Yazghi. Seul le PPS paraît s’en sortir sans écueils.